Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/252

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Heureusement la véritable science n’est pas obligée d’imposer de pareilles exigences à ceux qui l’enseignent. Plus elle est étudiée, plus l’indigence qu’ils aperçoivent autour d’eux doit exciter leur sympathie, et plus ils doivent devenir libres dans l’expression de cette sympathie, parce qu’ils doivent demeurer plus pleinement convaincus, que l’existence d’un semblable état de choses est la conséquence des lois humaines et non divines ; plus doit être énergique l’aversion provoquée par la prodigalité et l’avarice, comme tendant toutes deux à produire l’indigence ; plus leur respect doit être profond pour toutes les institutions qui ont pour but de favoriser le développement de cette habitude de l’association, grâce à laquelle, uniquement, l’homme acquiert l’empire sur la nature, qui constitue sa richesse ; plus doit être prononcée sa haine des abus existants qui tendent à perpétuer la pauvreté et la misère actuelles ; plus aussi doit être prononcée leur résolution de travailler honnêtement à les extirper.

La richesse se développe en même temps que le pouvoir de l’homme de satisfaire le premier et le plus impérieux besoin de sa nature, le désir de l’association avec ses semblables. Plus ce développement est rapide, plus est grande la tendance à l’annihilation de l’indigence d’une part, et de l’autre, à celle de la prodigalité et de l’avarice ; à la cessation des abus existant actuellement, qui tendent à limiter l’exercice de la puissance d’association, à restreindre le développement de l’individualité, ainsi qu’à diminuer le sentiment de responsabilité rigoureuse envers Dieu et l’homme, et à obtenir le résultat suivant : la société prenant la forme la mieux calculée pour faciliter la marche progressive de ce même homme vers la position éminente à laquelle il a été destiné primitivement, et conséquemment, la forme la mieux faite pour inspirer respect et « révérence. »