Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/306

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avec les grandes lois physiques auxquelles nous avons fait allusion jusqu’à présent, qu’aucun de ceux que le monde eût encore vus, avant la formation définitive des provinces qui composent aujourd’hui les États-Unis. L’action bienfaisante de la paix se révéla encore davantage à cette époque dans ce fait, que le nombre des commettants fut augmenté par l’admission de nombreux esclaves au droit de bourgeoisie, et d’un grand nombre d’étrangers aux droits de cité.

A partir de la première invasion des Perses qui finit avec la bataille de Marathon, et de l’occupation postérieure de l’Attique par les troupes de Xerxès, il se produisit un changement complet. Les champs avaient été dévastés, les maisons, les bestiaux, les instruments de culture avaient été détruits, et la population avait diminué considérablement. Dès lors nous voyons les Athéniens passer, de l’état d’une démocratie pacifique, où chacun s’occupait à l’intérieur d’associer ses efforts à ceux de ses concitoyens, à celui d’une aristocratie militaire s’efforçant d’entraver l’association au dehors, et se servant de cette puissance perturbatrice comme d’un moyen de s’enrichir. Après avoir amassé des richesses par leurs extorsions et leurs rapines, Cimon et Thémistocle furent en état de s’assurer les services de milliers de misérables dépendant de leur puissance, et qui se montraient dans les rues suivant avec empressement ceux que la guerre venait de rendre leurs maîtres. La pauvreté engendra la soif du pillage, et l’espoir du pillage permit de compléter facilement une armée de terre et d’armer des navires, et bientôt l’armée et la flotte furent employées à soumettre des États et des villes qui, jusqu’alors, avaient été regardés comme des égaux ou des alliés. Ils succombèrent successivement, et le butin acquis par de tels moyens provoqua le désir de nouvelles rapines, en même temps que s’accroissait constamment le pouvoir de satisfaire la convoitise. Athènes était alors devenue la dominatrice des mers, et elle ne permettait à aucun État, ainsi que nous l’apprend Xénophon, de faire le commerce avec un peuple éloigné, s’il ne se soumettait complètement à son impérieuse volonté. « C’est de cette volonté, continue-t-il, que dépend l’exportation de l’excédant des produits de toutes les nations. » Et pour être en état de l’exercer d’une façon tout à fait absolue, nous la voyons ensuite amener ses alliés, par persuasion ou par force, à s’exonérer