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ces villes, c’était seulement avec les individus des pays éloignés qu’il s’agissait d’entraver le commerce ; mais ici c’était le commerce le plus important de tous, — le commerce intérieur, — c’était la puissance d’association et le développement de l’individualité qu’on voulait anéantir. Pour atteindre ce but, aucun effort ne fut épargné. Les produits à l’état brut, soumis à des taxes onéreuses pour le transport, ainsi que cela avait lieu pour le riz en grains (ou riz brut), et le sucre, étaient admis en ne payant que des droits peu élevés ; tandis que le riz pur et le sucre raffiné étaient grevés de droits assez lourds pour offrir une prime considérable en faveur de leur exportation de l’Inde ou de l’Amérique sous leur forme la plus grossière ; et, dans ce cas même, ils ne pouvaient être expédiés, sur aucun point du globe, que par l’intermédiaire d’un port ou d’un navire anglais.

On avait donc ainsi recours, d’un côté, à l’interdiction des manufactures, et, de l’autre, aux primes sur les matières premières, dans le but d’empêcher les colons d’effectuer ces changements dans la forme de la matière, indispensables pour rendre les produits propres à être consommés au sein même du pays. Le seul but important du système consistait à maintenir, sous sa forme la plus encombrante, la denrée qu’il s’agissait de transporter, en réduisant, à la plus petite dimension possible, les instruments à l’aide desquels le transport et la transformation devaient s’opérer, enrichissant ainsi le trafiquant, et l’individu qui effectuait le transport, aux dépens et du consommateur et du producteur. Plus on pouvait mettre complètement en pratique de pareilles mesures, plus était faible la quantité de tissus que pouvait obtenir l’individu qui produisait le sucre, plus était faible aussi la quantité de sucre que pouvait se procurer l’individu au travail duquel étaient dus les tissus ; plus était grande la tendance à voir la population acculée aux dernières limites des moyens de subsistance, et à trouver dans les dispositions erronées, prises par le Créateur, une excuse pour un état de choses dont l’existence ne devait être attribuée qu’aux combinaisons de l’homme.

§ 3. — Idées d’Adam Smith relativement aux avantages du commerce.

Société, association, et commerce ne sont, ainsi que nous l’avons démontré, que des formes diverses pour exprimer la même idée, et cette idée exprime le premier de tous les besoins de l’homme. Sans association, il ne peut exister de société, et sans