Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/427

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parties du monde jusqu’à 200.000.000 de livres de toile par an. Les changes avec toutes les parties du globe étaient tellement en leur faveur, qu’une roupie, qui, aujourd’hui ne vaudrait que 1 schell. 10 pence, ou 44 cents, valait alors 2 schell. 8 pence, ou 64 cents. La Compagnie avait le monopole de la perception des impôts dans l’Inde ; mais, en retour, conséquemment, elle conservait à la population l’empire de son marché national, à l’aide duquel elle pouvait convertir son riz, son sel et son coton en étoffes qui pouvaient être exportées à bas prix dans les pays les plus éloignés. Cette protection était nécessaire, parce qu’en même temps que l’Angleterre prohibait l’exportation même d’un simple houilleur, qui pût apprendre aux Indiens la manière d’extraire la houille, ou d’une machine à vapeur propre à pomper l’eau, ou à extraire du charbon de terre, ou d’un ouvrier qui pût fabriquer cette machine, d’un ouvrier en fer capable de fondre le minerai, dont il existe des quantités si considérables, l’exportation d’un métier à filer en gros, ou d’un métier à tisser, ou d’un artisan qui pût donner des instructions relatives à l’usage de ces

    ainsi leurs uniques marchés pour les produits bruts de leur terre, ces revenus, disons-nous, ont manqué partout dans la même proportion ; et à peine aujourd’hui un de ces princes recueille les deux tiers du revenu qu’il tirait des mêmes terres en 1817.
      » Il existe dans la vallée de Nerbudda des districts qui donnent, chaque année, un produit bien plus considérable que Orcha, Jansée ou Duteaa ; et cependant, en l’absence de ces mêmes marchés nationaux, ils ne rapportent pas le quart du montant du revenu foncier. Les terres sont toutefois évaluées à un taux aussi élevé ; quant à l’assiette de l’imposition, en proportion de leur valeur pour les fermiers et les cultivateurs. Pour devenir susceptibles de rendre un impôt plus considérable, elles ont besoin d’avoir des établissements plus vastes, comme marchés pour les produits de la terre. Ces établissements doivent être, ou publics et rétribués par le gouvernement, ou bien ils peuvent être privés, comme des manufactures, par l’intermédiaire desquelles le produit de la terre de ces districts sera consommé par des individus occupés de placer la valeur de leur travail dans des denrées appropriées à la demande faite par des marchés éloignés, et plus précieuses que le produit de la terre, relativement à leur poids et à leur volume. Ce sont là des établissements que le gouvernement doit s’efforcer d’introduire et de protéger, puisque la vallée de Nerbudda, outre un sol d’une excessive fécondité, possède, sur tout son parcours, depuis sa source jusqu’à son embonchure, de riches gisements houillers, placés pour les besoins des générations futures, sous la couche de grès des chaines du Sathpore et du Vindhya et des gisements non moins riches d’excellent fer. Ces avantages n’ont pas encore été moins appréciés comme ils devaient l’étre ; mais ils le seront bientôt. » (Sleeman. Excursions dans l’Inde, t. Ier, p. 296.)