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et par une excellente raison, c’est que personne ne l’achèterait. » Les droits particuliers sur la terre n’ayant aucune valeur quelconque, « le collecteur de Salem, à ce que nous apprend M. Campbell, rapporte naïvement divers moyens non autorisés pour stimuler le retardataire (moyens auxquels ont eu rarement recours les chefs de villages), tels que les suivants : placer ledit retardataire en face du soleil, l’obliger à se tenir sur une seule jambe, ou à s’asseoir en tenant sa tête serrée entre ses genoux[1]. »

Dans les provinces du Nord-Ouest, « la convention pour une somme fixe, » ainsi que notre auteur l’établit, a certainement réussi à donner une valeur solide de marché à la propriété foncière, c’est-à-dire qu’elle se vend à peu près pour le prix d’achat de quatre années sur le revenu[2]. En se dirigeant encore plus vers le Nord, dans les provinces nouvellement acquises, nous trouvons une grande industrie ; « toute chose étant mise à profit, » l’établissement de l’impôt, pour lequel la Compagnie succéda, après la déposition des successeurs de Runjeet Sing, est devenu plus facile et la terre a acquis plus de valeur. La valeur de la terre, ainsi que celle du travail, augmente donc, à mesure que nous quittons les anciens établissements pour les nouveaux ; ce qui est précisément le contraire de ce qui arriverait, si le système avait pour but l’extension du commerce ; et ce qui devait être précisément recherché dans un pays où le commerce était sacrifié au trafic.

Avec les données ainsi obtenues, nous pouvons maintenant déterminer, avec une exactitude peut-être assez complète, la valeur dans l’Inde de tous les droits privés sur la terre. Dans aucun cas, celle qui est sujette à l’impôt ne paraît valoir plus que le prix d’acquisition pendant quatre années ; tandis que dans une portion très-considérable du pays, elle semble n’avoir absolument aucune

  1. Campbell. L’Inde moderne, p. 359. Que la torture variée sous diverses formes soit un des modes établis pour percevoir l’impôt, c’est là un fait admis par la Compagnie, et l’un de ceux sur lesquels récemment l’attention du parlement a été appelée. Comme cependant c’est un moyen dont l’existence surgit de la nécessité des circonstances, on ne peut lui appliquer aucun remède. La misère de la population s’accroît chaque jour, et avec elle s’accroit la difficulté de lever l’impôt, et quelles que puissent être les dispositions des gouverneurs, ceux-ci dans de pareilles circonstances doivent exiger une proportion, constamment croissante, des produits constamment décroissants de la terre et du travail.
  2. Campbell. L’Inde moderne, p. 332.