Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/456

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résultat de l’ignorance des vrais principes de la science sociale, çà été « une faute, » et conséquemment, suivant le jugement énoncé par Talleyrand, on devrait le considérer comme étant même pire qu’un crime.

§ 3. — Le système anglais ne tend qu’à l’accroissement du trafic. Un intérêt personnel éclairé chercherait à favoriser le commerce.

Un intérêt personnel éclairé apprend à tous les hommes qu’ils profitent des progrès de ceux qui les entourent ; et cela est vrai à tel point que nous voyons dans une partie considérable de notre pays (aux États-Unis), les riches contribuant volontiers, et pour une large part, à l’éducation de leurs voisins pauvres ; et, par suite, se trouvant remboursés avec usure par la plus grande sécurité qu’ils obtiennent ainsi, pour la jouissance de leurs droits d’individu et de propriétaire. Là où ce sentiment existe, les liens deviennent plus étroits entre ceux qui sont forts physiquement et intellectuellement, et ceux qui sont faibles sous ces deux rapports, et tout le monde s’en trouve mieux ; mais lorsqu’il existe un sentiment contraire, lorsque chaque individu cherche à faire une proie de son semblable, moins les relations sont étroites, mieux cela doit valoir pour tous. C’est ce dernier état de choses qu’on trouve dans les premiers siècles de la société, lorsque le soldat et le trafiquant sont les maîtres des individus qui les entourent ; tandis que le premier état est celui qui tend à naître, à mesure que la puissance productive de la terre se développe de plus en plus, à mesure que la richesse augmente, que les hommes deviennent plus capables de vivre en relation les uns avec les autres, que le commerce s’accroît, et que la société tend, de jour en jour, à revêtir une forme plus parfaite.

Dans la première de ces conditions, la société se trouvant dans un état de développement peu avancé, la résistance à la gravitation est à la vérité très-faible. Dans la dernière, — qui est celle où les diverges facultés de l’individu se développent convenablement, — la force d’attraction est considérable. Dans la première, il y a peu de puissance pour faire le bien ou le mal. Dans la dernière, il y en a beaucoup pour faire l’un ou l’autre, ou tous les deux à la fois ; et quant à savoir si l’existence de cette puissance sera un bienfait ou un fléau pour l’espèce humaine prise en masse, cela dépend autant de la façon dont sera dirigée sa force sociétaire, qu’on le voit dans le cas de la vapeur, tantôt servant à se procurer plus facilement les subsistances et les vêtements, et tantôt à