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tal produit sous la forme de capacité intellectuelle ou physique, et fourni en retour du capital consommé sous la forme d’aliments.

Dans l’Inde, les neuf dixièmes du capital sont perdus, en même temps que, sur le produit insignifiant du reste, une portion considérable est réclamée par ceux qui exercent le pouvoir au nom du gouvernement. La balance se trouve soumise au procédé d’épuisement que nous avons retracé plus haut, et grâce auquel le coton, qui n’a rapporté qu’un penny au producteur, lui retourne au prix de 12, 15 ou 20 pence. Il en est de même en Irlande et à la Jamaïque, en Portugal et en Turquie ; dans tous ces pays, les individus qui s’occupent d’opérer les changements mécaniques et chimiques dans la forme de la matière, désignés ordinairement sous le nom de manufactures, deviennent, d’année en année, séparés par une ligne de démarcation plus profonde, des individus qui s’adonnent à la culture.

Dans tous ces pays, il y a, conséquemment, une nécessité constamment croissante d’avoir recours au transport. Dans tous, l’utilité des produits bruts de la terre diminue constamment, à mesure que le sol s’épuise. Dans tous, il y a augmentation dans la valeur des denrées nécessaires aux besoins de l’homme, et diminution dans celle de l’homme lui-même. Dans tous, les accumulations du passé acquièrent une prépondérance plus considérable sur les travaux du présent. Dans tous, les travaux diminuent à mesure que s’accroît la puissance du trafic. Avec tous, la valeur du trafic anglais diminue, prouvant ainsi, pour nous servir des expressions du colonel Sleeman, « la folie des conquérants et des pouvoirs souverains, depuis le temps des Grecs et des Romains jusqu’à celui de lord Lastings et de sir John Malcolm, qui tous se montrèrent des économistes peu éclairés, en supposant que des territoires conquis et cédés pouvaient toujours rendre à un État étranger la même somme de revenu brut qu’ils avaient payée à leur gouvernement national, quelle que fût leur situation relativement aux marchés destinés à l’écoulement de leurs produits, quel que fût l’état de leurs arts et de leur industrie, ainsi que la nature et l’étendue des établissements locaux, entretenus par ces revenus[1]. » A l’égard de tous les pays qui dépendent de

  1. Voy. plus haut, chap xiii, p. 394-396.