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CHAPITRE XVI.

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

§ 1. — Caractère grossier du commerce anglais au commencement du XIVe siècle. Les phénomènes qu’il offre à cette époque sont exactement semblables à ceux qui se révèlent dans les sociétés agricoles de nos jours.

Au commencement du XIVe siècle, le commerce de l’Angleterre était tel que l’indiquait la condition très-grossière de sa population ; il consistait en laine, en peaux et en étain (depuis des siècles, elle approvisionnait le monde de ce dernier article), qui formaient la liste des objets d’exportation, et en toile, formant le principal article d’importation. On cherchait à obtenir la clientèle des nations étrangères pour ces matières premières, au moyen de concessions de privilèges à leurs négociants, en même temps que des droits vexatoires faisaient peser sur les fermiers du pays toutes les charges imposées par l’État. Expédiés à l’état le plus grossier, leurs produits leur revenaient sous la forme de toile et étaient alors admis contre l’acquittement d’un droit purement nominal, de moins d’un pour cent[1]. La matière première était conséquemment à très-bon marché, tandis que les produits manufacturés étaient fort chers.

Le commerce à l’intérieur était contrarié par d’innombrables mesures restrictives, tandis que tous les marchés nationaux, dans les bourgs et les foires, étaient si librement ouverts aux Flamands et aux manufacturiers des autres nations, qu’en lisant l’histoire

  1. Le prix de la laine, étant fixé sur le marché du globe, n'était nullement affecté par le partage qui pouvait avoir lieu entre le gouvernement et la population. Sur ce prix, le gouvernement exigeait un tiers, et c'était purement et simplement un impôt direct.