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13, 20 à 15, 20, et cet accroissement s’est produit dans l’espace de trente années seulement. Plus la nature a pu remplacer le labeur des hommes dans ces branches d’industrie, plus est considérable la proportion de leur travail absorbée par ces individus. Là, comme partout ailleurs, le mouvement est rétrograde, et, considéré comme tel, peut-être nous mettra-t-il à même de nous rendre compte de l’invention des doctrines Ricardo-Malthusiennes.

Le moulin à farine devient inutile s’il n’y a pas de blé à moudre, et le moulin à coton reste inactif s’il n’y a pas de laine à filer et à tisser. Moins il y a besoin du travail nécessaire pour moudre l’une ou filer l’autre, moins est grande la nécessité d’augmenter le nombre des moulins, à moins que le temps et l’intelligence, ainsi restés disponibles, ne soient employés à développer la puissance productive de la terre et à augmenter ainsi la quantité de matières premières qu’il faut transformer. Si le travail économisé reçoit cette application, alors on aura besoin d’un plus grand nombre de moulins, et la quantité de travail appliquée à l’œuvre de la transformation, ou du transport, peut être augmentée avec avantage, mais non pas autrement. Dans le cas qui s’offre à nous, la proportion du travail consacrée à la transformation augmente en raison directe de la diminution du besoin que l’on en a, et la proportion consacrée à la production diminue en raison de l’augmentation du nombre des machines employées pour la transformation des choses produites. Il y a, conséquemment, un accroissement constant dans le nombre des individus qui ont besoin d’être nourris et vêtus, accompagné d’une décroissance également constante dans celui des individus s’occupant de fournir les matières à employer par ceux qui ont besoin de subsistances et de vêtements.

Le quart seulement de la population anglaise consacrant son travail à augmenter les quantités de denrées, tandis que les trois autres quarts sont entièrement inactifs ou s’occupent de leur faire subir des changements de lieu, de forme, ou de propriétaire, il suit de là, nécessairement, que la majeure partie des choses produites est absorbée dans son passage, du lieu de production au lieu de consommation. Nous savons que les choses se passent ainsi par un des principaux journaux de l’Angleterre[1]. Il informe ses lec-

  1. North British Review. Novembre 1852.