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La Présidente.

Je m’en charge avec grand plaisir. Madame, vous savez comme il est timide, mon frère, il n’y a rien de si aisé que de l’embarrasser.

Mad. de Greval.

Oui, cela est facile.

La Présidente.

Il lui arriva cet été, au Palais-Royal, une aventure assez plaisante. Il se promenoit avec deux de ses amis. Une Demoiselle marchoit devant lui ; elle avoit une robe de si mauvais goût, qu’il ne put pas s’empêcher de s’écrier, parbleu, voilà une vilaine robe ! A l’instant la Demoiselle se retourne, le regarde & lui fait une grande révérence. Il est confondu ; mais à trois pas de là, cette Demoiselle l’arrête devant sa mère & ses sœurs, qui étoient assises, & elle s’écrie fort haut : maman, voilà Monsieur de Beligneres, qui nous a fait gagner notre procès ; ah ! que nous sommes heureuses, enfin, de le trouver après avoir été tant de fois inutilement chez lui, pour lui faire nos remerciemens ! Bientôt il fut entouré, non-seulement par cette famille ; mais encore de tout ce qui étoit