Page:Carmontelle - Conversations des gens du monde, tome 1.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tems-là, il venoit tous les jours à la maison, je me doutois bien de quelque chose ; comme le parti me convenoit, pour le faire parler, je lui dis un jour, Monsieur Dufour, vous irez bientôt à la nôce ; moi, Madame, me dit-il ! Oui, vraiment, je vais marier ma fille. Je n’eus pas plutôt lâchée la parole, que le voilà qui pâlit tout d’un coup, & qui me répond, je ne sais pas trop quoi ; car il me fit tant de peine que je lui dis tout de suite, & celui qu’elle épousera est votre meilleur ami. Ma fille écoutoit, elle devint rouge comme du feu ; ils se regardèrent, ils étoient tout près de pleurer ; je ne pus pas y tenir, & je leur dis, allons, mes enfans, embrassez-vous & aimez-vous toujours bien. Voilà comme cela s’est fait, Madame la Vicomtesse.

La Vicomtesse.

Mais, vraiment ; cela est très-bien à vous. Ah ! ça, Madame Gazin, je voudrais bien avoir une pelisse.

Madame Gazin.

Il est fort aisé de vous en faire une.

La Vicomtesse.

A propos, est-ce vous avez vendu le manchon de la Marquise ?