Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 8.djvu/178

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DAME JEANNE.

Dites-leur cela, & allez vous chauffer à leur feu : ils le trouvent bien joli, eux. La mère lui dit : mon fils, qu’est-ce que tu veux être, quand tu seras grand ? Ambassadeur, maman ; parce que j’aurai un beau carrosse. Il a raison Chouchoux, dit-elle à son mari ; je veux qu’il ait un carrosse quand il sera grand. Eh mais, répond-il, peut-être deux, que sait-on ?

Me. FRANGEOT.

Ils ne disoient pas tout cela à leur Butte St. Roch, à leur quatrieme étage, n’est-ce pas ?

DAME JEANNE.

Ah ! je vous en réponds ; mais les honneurs changent les mœurs, comme dit cet autre.

Me. FRANGEOT.

Ce sont de bonnes gens, & je les aime beaucoup, plus le mari que la femme.

DAME JEANNE.

C’est toujours comme cela, nous autres nous aimons mieux les hommes. Ne leur dites pas tout ce que je viens de vous dire, je ne serois pas bonne à jetter aux chiens. Tenez, quoique ce petit Tubleu soit bien méchant, je l’aime, malgré qu’il m’égratigne toute la journée ; mais je l’ai vu naître, & puis sa mere dit : Il faut bien qu’il s’amuse à quelque chose.