Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/177

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cielle du pouvoir absolu, chaque jour invoquée par les fils de Pithou pour servir sous des dehors respectables les haines des fils de Voltaire. Les mêmes causes lui paraissaient devoir faire repousser la déclaration de 1682, périlleuse conquête d’un roi qui, n’ayant à compter désormais avec personne, alla bientôt, sans aucun trouble de conscience, jusqu’à ouvrir l’accès du trône aux fruits de l’adultère.

Ce n’est pas que la jeunesse catholique, étrangère par ses études aux controverses proprement dites, songeât beaucoup alors à scruter la tradition sur l’infaillibilité pontificale : disposée à s’en rapporter sur ces questions au jugement de l’Église, lorsque celle-ci jugerait nécessaire de les trancher, elle repoussait le gallicanisme parce qu’elle le regardait comme incompatible avec l’ordre fondé sur l’accord simultané de la science avec la foi, et de la liberté politique avec le christianisme. C’était surtout par l’effet des idées libérales qu’elle avait répudié le gallicanisme. Alarmée de la constante inertie qu’elle rencontrait dans les rangs du vieux clergé français, cette jeunesse se vit conduite à chercher dans une sphère plus dégagée des intérêts dynastiques une appréciation plus haute des besoins nouveaux suscitée par l’une des plus grandes transformations auxquelles nous ait fait assister l’histoire. Quoique fort peu compétente en théologie, elle se trouva ainsi amenée à se croire et à se dire ultramontaine, parce qu’elle espérait trouver près du saint-siége, pour ses idées, le point d’appui que lui refusait en France l’épiscopat gallican. Ce mouvement