Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je veux encore te donner une bonne leçon. »

Et, plaçant la bourse sur son enclume, il se mit à frapper dru comme grêle de grands coups de marteau sur le pauvre diable, qui criait et hurlait, comme bien vous le pensez.

— « Grâce ! grâce ! et jamais je ne reviendrai. Je te le jure ! Je suis tout en bouillie ! Laisse-moi, laisse-moi ! »

Le bonhomme Misère, fatigué de frapper sur la bourse, permit au diable de sortir et ne le revit plus le reste de sa vie.

Il était bien vieux lorsqu’il mourut. Son chien Pauvreté mourut le même jour, et voilà Misère et Pauvreté, l’un suivant l’autre, qui prennent la route du paradis.

Ils arrivèrent devant un beau palais, et jugeant que c’était là le paradis, Misère frappa.

— « Qui est là ? dit une voix à l’intérieur. La porte s’entrebâilla, laissant passer la tête de saint Pierre.

— Ah ! c’est toi, Misère ! Va voir plus loin. Tu n’as pas demandé le paradis quand je te l’ai conseillé ; tant pis pour toi ! »

Misère eut beau prier, supplier, la porte se referma.