Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/98

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essayaient par de violents mouvements à s’arracher des longs clous qui les retenaient fixés au sol ; leur sang coulait à flots de leurs plaies horribles.

— « Pourquoi te trouves-tu ici ? demanda le comte d’Aveluy à l’un de ces misérables.

— Pendant ma vie, j’étais un ivrogne comme on en voit peu ; je battais ma femme et je la fis mourir de chagrin. J’ai été méchant ; c’est pour cela que je suis puni ainsi. Tous ceux qui sont ici ont été méchants durant leur vie et ils en ont pour l’éternité à expier leurs mauvaises actions dans ce lieu de supplice. »

Toujours précédé de l’homme rouge, le comte d’Aveluy continua son chemin et, après avoir traversé cette salle, arriva dans une autre où un spectacle aussi épouvantable s’offrit à ses yeux.

Cette fois c’étaient des milliers de femmes qui cuisaient sur un énorme gril. Elles poussaient des gémissements affreux, criaient, pleuraient à fendre l’âme, se retournaient dans tous les sens sur les barres rougies du gril et ne réussissaient qu’à brûler d’avantage.

— « Pourquoi es-tu punie ainsi ? demanda le comte d’Aveluy à l’une de ces femmes.