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VII
PRÉFACE.

artiste qu’érudit, ne se sentant pas capable d’utiliser le manuscrit, le vendit, vers 1836, à un libraire de Paris chez lequel allait souvent bouquiner un érudit anglais, M. Stapleton, qui s’en rendit acquéreur et en cita quelques extraits dans ses conférences avec les savants de son époque.

On ignorerait sans doute aujourd’hui sa sortie de France sans cette circonstance fortuite, car son nouveau propriétaire l’emporta au delà de la blanche, jusque dans le Yorkshire, à 70 lieues au Nord de Londres, et le laissa sans signalement particulier dans son château de Carlton-Towers, au milieu de collections modernes très abondantes et non cataloguées, où il courait toutes sortes de risques.

M. Léopold Delisle, directeur-administrateur de la Bibliothèque Nationale, dont l’œil vigilant poursuit partout la trace du passage de nos trésors historiques, eut connaissance de l’acquisition de M. Stapleton, en dépouillant la correspondance de l’érudit Normand Le Prévost et s’empressa d’en informer son ami Arthur de La Borderie qui, plusieurs fois, conçut le projet d’aller à sa recherche. Cette mission me fut dévolue en 1181 par le Ministre de l’Instruction Publique, bien que je n’eusse pas d’autre titre que ma bonne volonté et mon attachement la Bretagne.

Il n’est peut-être pas sans intérêt de faire connaître les négociations préparatoires auxquelles je dus me livrer pour assurer le succès du voyage, et les noms de mes auxiliaires.

Lord Beaumont, neveu de M. Slapleton, était très jeune lorsqu’il recueillit l’héritage de son oncle ; il était entré en possession au milieu de tous les bouleversements qu’occasionne toujours une reconstruction suivie d’une installation grandiose, il n’avait pas eu la liberté de prendre connaissance de la bibliothèque, de la faire ranger complètement, et ne sayait pas si le manuscrit était bien demeuré dans les collections. Rien ne le signalait à son attention, et on pouvait craindre que M. Stapleton eût, non pas vendu le Cartulaire, mais qu’il l’eût prêté