Page:Caseneuve - Origines françoises, 1694.djvu/10

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PRE'FACE.

que je proteste icy que j’aurois supprimé le mien, si les choses eussent été en leur entier quand j’ay reçu cet avis.

Quand son livre fut achevé d'imprimer, il en envoya un exemplaire à Mr de Caseneuve, qui répondit à cette civilité par une lettre que j'ay heureusement trouvée parmi les Manuscrits qu'il m'a fait l'honneur de me laisser par son Testament. Comme elle justifie le procedé de ces deux illustress rivaux, on ne sera pas fâché de la voir icy.

Monsieur, L'honneur que vous me faites de parler de moy avantageusement dans vostre Preface. & le présent du livre qu'il vous a plu m'envoyer, me sont plutost des sujets de honte que de vanité. Je me connois assez pour ne savoir pas que je ne mérite rien de semblable. On vous a fait croire, Monsieur, que je faisois imprimer un livre de la manière du vôtre. Je croy que vous avez déjà su le contraire. Il est vray qu’il y a quelques années que je commençay à mettre la main ; mais ayans là-dessus été obligé d’écrire pour notre Province, j’abandonnay si bien mon premier dessein qu’il ne m’en souvenoit plus. On me presse pourtant de donner au public ce peu que j’en avois faits & j’aurois peine à me défendre de l’importunité de ceux qui me le conseillent, si je ne leur remontrois que tout ce que je saurois faire aprês vous, ne seroit que des ombres pour donner du relief à vôtre ouvrage. Je vous rens un million de graces, &c. A Toulouse le 18. Nov. 1650.

Mr de Caseneuve ne survêcut que peu d'années à cette liaison d'amitié. Il fut attaqué d'une fièvre pestilentielle qui l'emporta le dernier jour d'Otobre de l'année mil six cens cinquante-deux.

Je n'ay pas eu le tems de m'informer du sort de tous ses ouvrages. Je say feulement que ses Origines Françoises étant tombées entre les mains de M. Tarnier, céléhre Avocat de Toulouse, & l'un de ses héritiers, dont il avait épousé une nièce, il avoit toujours regardé cet ouvrage comme un trésor précieux & qui fésoit un des plus considérables ornemens de son Cabinet. Mais Monsieur Foucault, aujourd'huy Intendant à Caen, homme d'un mérite distingué dans les Lettres, aussi-bien que dans les grands Emplois qui lui sont confiés depuis vingt ans, aïant été envoyé Intendant à Monrauban en 1674. il rechercha la connoissance de M. Tarnier, qui ne put résister long-tems au louable empressement qu'il lui témoigna d’avoir cet excellent Manuscrit.

Monsieur Foucault n'aïant eu d'autre vüe dans l'acquisition de cee ouvrage, que d’en faire un meïlleur usage que n'avoit fait M. Tornier, il n'en fut pas plûtost le maître qu'il rechercha les occasions d'en faire part aux Savans.

Tout le monde sait que Mr de Segrais, par un excês d'amour pour sa Patrie, s'est retiré depuis plusieurs années dans sa m;ufon de Caën; où dam les channans emrcnens d’une Comp.1gnie cé...: Iébre de gens de Lettres qu’1l a formée, fon efprit & fon Cvotr ne tt: font pas moms admirer, qu’ils ont fait autrefois à PJ.ds dans l’lllufrre Academie donr tl a l’honneur d’hre membre. Comrl.C i 1 a t:ou ~rs été un des mc il leurs amis de feu M’ Ménage, & qu’ils av.;,icnr en fe m.. hk un commerce ~Lettr-e~ a1fés régulier, il ne fut pas des derniers à Üvoir’que M’ Ména,.c avoit enfin réfolu de dol)ner une nouvelle édnion de fes Ortgines de /a Langue Ftal!;atft. Il ~t’ part de cette. nouvelle à Monficur Foucault, & le convia de contribUi:r à cc rrava il, en cmnmu.. niquaut à Mi Ménage le manufctit des Ongines Françoi[es de M 1 de ~fcneuvc. Monlicur Fou~ cauli:, qui n’a-voit rien plus à cœur que de rencontrer une occaiion auffi hvorablc à [es intentions, accorda f.tns peine à Mr de Segr~1s cc qu’1lluy dcmanQ.oa au nQJ.n de M• Ménage: & M~ d.: Segrais fans perdre de tems, tnande à Jon arm le fuccês de fa nêgodation. L’env-ie 11u’avoit toujoUIS- eû M’Minage de votr un travaïl de ta nature du fi en, & dont tous les Savans du tems avoient plaint le (on, changl!a la j.ÜouGe dont on l’accufe en une véri- table tendrcflê. Touché de la gén erol.it6 de MoJJUe-ur Foucault, 1l en écnvit a Mt de Segrais, & lui marqua qu’tl ne croîoit pas pouvoir mü:ux faire co.nnoÎtl"C combten il éroit fcnlîblc a: l’honnêteté J c MonGe ur Foucault, qu’en , ui offrant de fa1re unprim er l’ouvrage de M r de Cafe- neuve à la fuite du ficn. Monfieur Foucault n’avolt garde: de- refuter une choie qu’il fouhaitoir tacitement. Il en voulur écrire lui·m~me à Mç Ménage, pottt lui témoigner qu’tl fl fa v ott trÙ- bon gré J:.a’/J.JIIr lUiré. nAHr lnt:end4nt- à Mant411ban, dr! mains t:fun des bfntt:rJ de M. de ca .. foneu’Ve le tnlV.aJl qu’il .av ott fait fur ceta mat1ere; qu’li Û111t tris-glorieux à f., rafmaJre de ce S.:want homme-, qu’1l voulât bun prmdre [11in de mettre fos dr:êouwrtes au jour; ’fHe pour lui U lejhrnoir doublaneRt heu-uu;.:, & ,fii’V11H’ garantt ces Ûf’tgmo de t’oubb, & de ce ’]tielles l11i procsrou1ft J.a conmnjflfnce d’une perfomtt qut fau lr1 drfilcc1 & J’adlmr~JfiQ?J. d’s gens dç L:ttru. Cc !Ont les termes d.e fa l. errrc, qui cft d tt I 3· Aoufi-t6i~9- L’embaras que caufoit à 11,’ Ménage h: foin de fou propre travaï"l , ne hli laitfoi t pas route la. lib"rré qn’il aurait foubané. Il voyo1t un nombre infini- àe nouvelles. découvertes à ajoûrcr aur prcmîéres. Il fallait copier l’ancienne &hnon pour ajufrcr ce qu’Il avon préparé pour b nou- velle; tantaft fe déd1rc d’une opmion, t:tnt,o!l: en fornfier um: autre: c’étott un labyrinthe d’où H ne fa voit par où fortir. U fe rcpcntoit de n’avoir pas. commencé plu.ro!l: à revoir fcs memoires~ & il appréhcodoir avec quelque forrc de r.11fon de n’avoir pas :1({ës de tems pour voir la fin d’e cette nouvel’le êd1rion. t’ordre qu-e · {im.aginay pom tàcihter l’éxécutton de fon d.dfcin ne lui déplut pa-s : & par un excès de col3.fiance 1l fe r ’:Po fa fur moy d.u fC,in de relire [cs ecrirs, & d c: fuppléer aux petites fautes qu’un empn:flcmeot aiféi naturel lm féioit fou"’ent commecm::. Comme il prévoyoirque fon travail (croit de longue haleine, 11 changea de réfvlution à h~­ gard de colu..i deMI de CafellCU~ Il propofa. à qu-e-ique~uru ~ fes ll:ffilS d’en entreprendre r~...