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les quatre fils aymon

paille, du fumier et même les ordures de la ville. Ainsi ils partirent souillés et outragés[1].

Les plaintes du roi, la demande du jugement de Dieu, les railleries insultantes des messagers, la menace impudente d’employer contre Gonthramn la hache qui a frappé ses frères, et enfin la revanche grossière que le roi prend sur les représentants de son neveu, tout cela a son écho dans la querelle de Lohier et de Beuves, dans l’échange de menaces si fréquent entre Charles et ses barons.

Il a été traité souvent de l’épée de Renaud, « Froberge », et de son cheval faé. Je réclamerai du lecteur quelque intérêt pour Bondin, le cor « d’ivoire montenier » que Renaud prête à Richard[2] dans les Ardennes, dont il se sert pour annoncer aux habitants de Montauban la venue du roi Ys :

« Aportes moi mon cor, Bondin, que tant ai chier… »
A chascun de ses freres ra il baillié le sien.
Qui la oïst les contes corner et grailoier,
Ne poïst on entendre nis Deu tonant el ciel.
Montauban en tentist et li palais pleniers ;
Del mostier saint Nicol en tentist li clochiers[3].

Quand Maugis a éveillé les amis de Renaud pour en former le corps de secours qui doit dégager ses cousins en péril à Vaucouleurs,

Bondin a pris .I. cor, sel sona par vigor,
Et [cil] courent as armes [qui entendent le ton][4].

J’aurais été tenté de donner à Bondin la même origine qu’au cor d’Auberon si plus haut il n’était indiqué comme appartenant à Renaud[5], et si d’ailleurs je n’en avais été détourné par un passage de Grégoire de Tours.

  1. Greg. Turon., VII, 14.
  2. P. 54, v. 13. Aucune raison n’autorise à traduire ici Richars l’initiale R. qui désigne régulièrement Renaud.
  3. P. 167, v. 11 sq.
  4. P. 201, v. 16 sq. L donne il et maintenant sens demor. La correction proposée est prise du ms. de Montpellier.
  5. Dans l’épisode de la chasse (ms. 775. fo 36, verso B), Renaud se sert aussi de Bondin pour rassembler la garnison de Montauban :

    Son cor a pris Bondin, si commenche à corner.
    Li cors estoit ites que vous dire m’orres,
    De .II. lieues plenieres le puet on escouter.