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les quatre fils aymon

enfant. Jam vir magnus effectus est. Videte et cavete ne eum pro parvulo habeatis[1] ».

Après la mort de Gondovald, Gonthramn continuait à croire que l’on avait appelé le prétendant pour lui faire épouser Brunehilde[2].

Le rusé Gonthramn Bose avait fini par se placer sous l’autorité de Sighebert et de Childebert, c’est-à-dire avec les Austrasiens. Il cesse d’attaquer Mummolus à Avignon parce que Childebert ou ceux qui parlaient en son nom lui en donnent l’ordre ; plus tard, il est du nombre des députés qui viennent demander au roi Gonthramn de remettre Frédegonde aux mains de Childebert et de lui rendre des villes qu’il prétendait faire partie de son domaine[3].

Entre les rois Chilpéric et Gonthramn, les leudes d’Austrasie ne faisaient point de différence : tous deux étaient des rois dont leur neveu Childebert avait eu à se plaindre, et contre eux il avait eu l’alliance de Gondovald qui dut bientôt se confondre avec le Gundobald qui lui avait réellement sauvé la vie ; contre eux il avait eu les services de Gonthramn Bose. On l’a vu plus haut, c’est à Gonthramn Bose que l’on est amené à penser, quand on cherche quel personnage historique se cache sous le nom de Maugis dont le concours fut si utile pour sauver Richard.

Ce parallèle entre Childebert et Richard tient compte des

  1. Gregor. Turon. VII, 33. Le roi ne montra ce zèle pour son neveu que du jour où il craignit que les Austrasiens ne soutinssent le prétendant d’une manière efficace. — Envers Theudechilde, une des veuves de son frère Charibert, Gonthramn avait donné un exemple de déloyauté et de cupidité. Elle s’offrait à lui comme épouse. Il promit de l’accueillir avec honneur, la dépouilla et l’enferma dans un couvent d’Arles d’où elle essaya vainement de s’échapper. L’abbesse la corrigea durement. Elle resta ainsi enfermée et maltraitée jusqu’à sa mort. IV, 26.
  2. Gregor. Turon. IX, 28 Gontchramn exprime cette opinion à propos des présents que Brunehilde envoyait au roi d’Espagne chez qui les enfants de Gondovald avaient trouvé un refuge.
  3. Gregor. Turon. VII, 14. Cette ambassade menaçante coïncidait avec l’entrée du prétendant et de son allié Mummolus en pleine Gaule ; Gondovald venait d’être proclamé roi et porté sur le pavois à Brives, dans le Limousin. VII, 10. Cette coïncidence était sûrement voulue. Au chapitre suivant Grégoire énumère les prodiges qui, d’après lui, annonçaient la mort du prétendant. La légende se constituait déjà.