Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

prise : l’essentiel me paraît de reproduire fidèlement le manuscrit que l’on croit le meilleur et d’y toucher le moins possible, car ce manuscrit, avec ses imperfections, est un document d’une époque particulière. À vouloir l’améliorer, dans l’intention d’en établir une édition critique, on court grand risque de l’altérer. Toutes les fois que je m’écarte du texte de mon manuscrit, j’en avertis le lecteur en lui soumettant les différentes leçons du passage en cause. Parfois, je donne, au bas des pages, une version autre que celle que j’ai suivie, afin que l’on puisse profiter dans quelque mesure des recherches auxquelles je me suis livré sur les manuscrits.

L’on ne saurait songer à attribuer à un auteur particulier une œuvre telle que les Fils Aymon où l’on sent si clairement le travail de nombreuses générations de trouvères. Mais la question est autre quand on considère les versions qui nous sont parvenues comme étant des remaniements ; le nom de l’auteur d’une de ces versions aurait pu être conservé. La seule indication que l’on possède à cet égard est due à Fauchet qui, dans son Recueil de la langue et poésie françoise, ryme et romans, plus les noms et sommaire des œuvres de CXXVII poètes françois vivans avant l’an MCCC, s’exprime ainsi : « De Huon de Villeneuve. Ie croy que les romans de Regnaut de Montauban, Doon de Nantueil, Garnier de Nantueil et Aie d’Avignon, Guiot de Nantueil et Garnier son fils, sont tous d’un même poëte. Premièrement parce que c’est une suitte de contes et que ie les ay veus cousus l’un après l’autre. Car il fault confesser que le livre ne vint iamais entre mes mains : et encores le feuillet des commencemens de chacun livre (pour ce que les lettres estoyent dorées et enluminées) ayant esté deschirez. Toutefois en l’un qui estoit demi rompu, ie trouvay le nom du trouvère :

Seignor, soiez en pes tuit a. . . . . . .
Que la vertus del ciel soit en vous demorée,
Gardez qu’il n’i ait noise ne tabor ne criée.
Il est ensine coustume en la vostre contrée,
Quant uns chanterres vient entre gent honorée,
Et il a endroit soi sa vielle atrempée,
Ja tant n’aura mantel ne cotte desramée