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les quatre fils aymon

Renaud et les siens sont dans la joie. La belle Sinamonde lui deceint l’épée,

Et li dist en riant a molt doucette vois :
Frans homs, de vo journeez me contez les explois.

Renaud vante surtout la valeur de Lambert et de Baptamur. Lambert abattit l’enseigne des Grigois et Baptamur a renversé Danemont « vo pere ». — Danemont, de son côté, maudit Mahom qui l’a laissé vaincre. Rubion lui répond que Mahom s’est vengé parce que précédemment il l’avait battu. Il doit lui demander pardon :

Allez a Mahommet et li criez mercy.

Il aura l’avantage une autrefois. D’ailleurs, le roi Cassadonies et l’amustant d’Orbrie viennent à son secours. Danemont n’a aucune confiance et envoie partout des messagers. Mais le roi Kassadonies et son fils Safadoines l’Escler arrivent à Angorie avec chacun dix mille hommes. Danemont se plaint à eux des chrétiens qui lui ont pris un château. On lui promet de les chasser. — Mais parlons de l’amustant d’Orbrie qui avait rassemblé quarante mille hommes. Ils arrivent le soir et campent sous les murs d’Angorie. Chez les chrétiens, le patriarche dit la messe à laquelle assistent les barons et Sinamonde « au gent cors avenant ».

Et puis vont par acort dedens le tour montant
Ou les reliques furent de Dieu le tot poissant.
Li nobles patriarches va à Regnaut priant
Qu’il vousist deffermer le coffre souffisant.
Sire, che dist Regnaut, ne vous voit deplaisant,
Je ne m’en merleray tant comme a maintenant.
Vous le devez mieux faire que my, je vous creant ;
Car a dinne personne est l’office apparant.
Faire (je) ne l’ozeroie, car (je) ne vail mie tant.
Mais quant (nous) arons maté paiens en conquerant
Lors nous assaeirons a celle œuvre plaisant.

Tous s’agenouillent, font leurs oraisons et battent leurs corps. Renaud s’étonne de ce que les sarrasins respectent ainsi les reliques et les gardent en un lieu honorable. Bapta-