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les quatre fils aymon

mer en gros ce qui a été dit. J’y laisse de côté l’hypothèse d’une branche perdue où l’on aurait la querelle de Renaud et d’Olivier à propos d’un cygne et les traces de guerres de Charles contre les Frisons. — Il faut enfin rappeler qu’à l’exception de L, toutes ces versions tiennent plus ou moins compte du Maugis d’Aigremont.

Il me serait difficile de clore cette partie sans rappeler brièvement un point de vue, auquel d’ailleurs on est autorisé à se placer en matière de recherches d’origines.

L’épopée mérovingienne a existé, la preuve en a été faite par M. Rajna et par ceux qui ont travaillé sur ses traces. Or il est remarquable que la période la plus tragique de l’histoire des Mérovingiens, le règne de Chilpéric, n’ait paru jusqu’ici représentée que par l’introduction dans la légende de Childéric d’une partie des aventures du prétendant Gondovald. Il y avait là une lacune vraiment surprenante. D’autre part, les Fils Aymon, dont le caractère épique et archaïque est si manifeste, ne semblaient d’abord se rattacher à aucune partie de l’histoire. On était donc en droit de rechercher si précisément ce grand poème ne nous a pas conservé l’épopée mérovingienne en apparence perdue. L’on y était encouragé par le fait incontesté que Gondovald avait occupé une place importante dans le souvenir des Austrasiens, qu’il était entré de bonne heure dans le monde de la légende. Enfin l’identification de Beuves d’Aigremont et d’un duc frank, Bobo, de Louis et de Chlodowig, confirmait la légitimité d’une enquête où l’on avait quelque chance de retrouver le fond de l’épopée antique, si altérée que nous l’aient transmise les remaniements successifs.

L’on a été ainsi amené à conclure que les malheurs des fils de Chilpéric et la romanesque destinée de Gondovald présentent la base primitive sur laquelle s’est édifié le poème qui devait subir le même sort que ces monuments dont le soubassement date de l’époque romane et dont les voûtes ogivales, les vitraux, toute l’architecture et toute l’ornementation sont du temps de Philippe-Auguste.

Bien que cette introduction ait pour objet essentiel l’examen des manuscrits que j’ai eus à ma disposition, j’ajoute ici quelques indications sommaires sur les rédactions en prose, et sur les versions ou imitations étrangères.