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les quatre fils aymon

un petit format et à très bon marché. L’édition de la Bibliothèque des Romans a eu l’honneur immérité d’être reprise dans la nouvelle Bibliothèque Bleue publiée chez Garnier. Toute la phraséologie sentimentale et philosophique du XVIIIe siècle s’y étale. Tantôt c’est le chef des Sarrasins qui une fois vaincu par Renaud s’aperçoit qu’il a réfléchi sur l’Alcoran et que ses dogmes n’étaient que l’apologie des goûts, des vues politiques et ambitieuses de leur auteur ; tantôt Maugis prie l’Être suprême de lui pardonner ses égarements ; l’archevêque Turpin est dit l’Ulysse des Français ; c’est Maugis qui arrête le duel de Roland et d’Olivier en les entourant d’un sombre nuage. Renaud, à Rome, disserte sur les mérites comparés de Jules César et de Catilina. D’ailleurs Thémistocle lui paraissait le plus grand homme de l’antiquité. La légende pieuse ne pouvait clore une si belle composition ; elle est remplacée par des incidents romanesques. Sans doute Renaud est un jour ouvrier à la construction d’un monastère au bois de la Serpente, mais de l’échafaudage il aperçoit Pinabel faisant tous ses efforts pour outrager une jeune fille. Plus loin, il rencontre Maugis, près du Rhin et lisant. Après la mort de Maugis, il engage une lutte avec Pinabel qui outrageait encore des filles, roule avec lui dans le Rhin et se noie. Les corps de Maugis et de Renaud sont transportés à Montauban. Cela tourne à la parodie.

L’édition d’Épinal est pour le fond fidèle à la tradition. Elle reproduit une version assez voisine de celle du manuscrit de l’Arsenal, et par conséquent du manuscrit La Vallière. Je lui préfèrerais l’édition de Carpentras du XVIIIe siècle, de langue plus ancienne et possédant encore les naïves gravures sur bois.

L’édition populaire publiée chez Le Bailly par M. de Robville (?), outre un avant-propos d’éditeur et un premier chapitre de caractère historique, a été modifiée par l’introduction au chapitre VIII d’un résumé du Maugis d’Aigremont d’après le manuscrit C, par une imitation au chapitre XIV de la partie du manuscrit 764 où Bayard oblige Maugis à le suivre à l’hôpital de Saint-Jean-d’Acre. Mais le remanieur moderne repart de là pour Constantinople et reprend le texte La Vallière-Arsenal. Un peu plus loin les pélerins ne font que toucher à