Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
les quatre fils aymon

ment au XVIe siècle, sous le titre de Heemskinderen. Ce texte a été réédité par Matthes en 1872 ».

L’auteur de l’ouvrage tout récent auquel j’emprunte ces lignes,[1] a étudié de plus près que Matthes ne l’avait fait, les versions néerlandaises et allemandes en elles-mêmes et en les comparant au texte de Michelant. Les principales différences relevées sont : l’épisode de Saforet manque au texte français ; l’épisode des Ardennes manque dans la traduction néerlandaise ; un épisode, inspiré du Graal, manque au texte français, mais on ne peut y voir qu’une simple interpolation de date relativement récente. — Paulin Paris (Histoire littéraire, XXII, p. 697) avait remarqué que lorsque Renaud résume sa vie devant ses barons, il ne fait aucune allusion à son séjour dans les Ardennes. Je dois ajouter que ce résumé est lui-même une reproduction souvent textuelle de ce que disent le comte d’Avignon et le duc de Monbandel dans le conseil tenu par le roi Ys, conseil où d’ailleurs il est fait allusion, de manière plus ou moins précise suivant les versions, à des faits de même source que l’épisode de Saforet. Tout s’explique naturellement si l’on admet que la légende de Renaud ne comprenait point d’abord l’épisode des Ardennes, ce qui viendrait à l’appui de l’identification proposée plus haut de Gondovald et de Renaud. De toute manière, l’absence de l’épisode des Ardennes n’a en soi rien qui doive surprendre.

Une différence assez importante est l’absence du siège de Trémoigne. Ce siège fait certainement longueur dans les récits français. Dans la version néerlandaise, les Fils Aymon se réfugient au château qu’ils ont dans la forêt d’Ardanne ; la paix se fait grâce à l’intervention de leur mère.

L’impression générale que m’avait laissée la lecture des textes néerlandais et allemands était qu’ils ont été composés

  1. Nous n’avions en français sur la question que l’excellent compte rendu donné par G. Paris en 1875 (Romania, IV, p. 471-474) de l’ouvrage de Matthes. La thèse de doctorat de Madame Marie Loke : les Versions néerlandaises de Renaud de Montauban étudiées dans leur rapport avec le poème francais (in-8° 186 p. Toulouse, 1906) est donc la bienvenue. Je rends d’autant plus volontiers hommage au mérite de ce travail que je sais par expérience les difficultés de la matière traitée. M. Jeanroy apprécie les recherches de Madame Loke et de M. Jordan dans Romania, XXXV, p. 466-468.