Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/48

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ramènent le corps à la surface de l’eau et il rayonne d’une brillante clarté ; trois cierges resplendissaient et l’on entendait les anges chanter. Les hommes et les femmes, l’archevêque et ses clercs s’empressent et contemplent le corps qui est sans doute celui de quelque saint.

Quand les anges eurent achevé leurs chants, les poissons menèrent le corps à la rive. L’archevêque saisit le sac et aussitôt la clarté s’évanouit. Une fois le sac ouvert, on reconnaît l’ouvrier de saint Pierre. Le maître arrache aux coupables l’aveu de leur crime. L’archevêque se borne à les bannir. On porte le corps à l’église, mais après la messe, l’on essaie en vain d’enlever le cercueil du char où il a été posé. Le char se met en mouvement, le clergé le suit. Il s’arrête à la ville de Reoigne où des miracles ont lieu. Le lendemain il continue sa marche jusqu’à Trémoigne, « là où en est l’histoire ».

Dès qu’il approche, les cloches de la ville sonnent d’elles-mêmes. On apprend qu’un saint corps vient de Cologne et que les miracles se multiplient sur son passage. L’archevêque de Trémoigne pressent que c’est le corps de Renaud. Il ira à sa rencontre. Les frères et les fils de Renaud l’accompagnent. Quand on a ouvert la bière et le linceul, tous reconnaissent Renaud et l’archevêque raconte sa mort et les merveilles qui l’ont suivie[1]. Renaud est enterré à l’église de Notre-Dame, où il est encore dans sa « fiertre » :

Sains Renaus est nomez, por Deu soffri torment.

Ses fils vécurent en parfaite amitié, mais ils eurent plus tard une grande guerre contre une mauvaise gent.

  1. Lupentius (saint Louvent), abbé de la basilique de Saint-Privat à Javols (Antérieux, d’après Walckenaer), avait été accusé par le comte Innocentius d’avoir médit de Brunehilde. Il s’était justifié devant la reine et revenait, quand Innocentius le fit saisir et maltraiter. On le relâcha néanmoins, et il s’était arrêté sur les bords de l’Aisne, lorsque « son ennemi se précipita de nouveau sur lui et le mit à mort. Sa tête fut tranchée, puis enfermée dans un sac chargé de pierres que l’on jeta dans le fleuve ; le corps, lié à une grosse pierre, y fut également plongé. Quelques jours après, il apparut à des bergers qui retirèrent le corps, et l’on se préparait à lui rendre les derniers devoirs, sans savoir qui il était, car l’on n’avait point retrouvé la tête. Mais survint un aigle qui tira le sac