Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/530

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
502
les quatre fils aymon

Ki sunt en Waucolor par traïson alé.
Des biaus ieux de son chief commença à plorer ;
Il encontra Maugis, le bon larron prové,
7550Qui vait en le cuisine por le mengier haster ;
[Le roi Yon devoit servir à son disner,[1]
Mais il ne savoit mie la traïson mortel].
Et quant li clers le voit, si l’en a apelé :
« Maugis, entent à moi, por l’amor dame Dé. »
M 200 7555Li gentis clers Gontars, qui tant fist à prisier,
En apela Maugis, le [vaillant] chevalier :[2]
« Conter vos weil, biaus sire, .i. mortel encombrier[3]
Que li rois Yus a fait ; molt a mal esploitié.
Il a traï Renaut, de verté le sachies,
7560Aallart et Guichart et Richardet le fier,
Es plains de Waucolors où les a envoiés. »
« Hastes vos tost del dire, ce dist Maugis li fiers ;
Tuit me faillent li membre, ne puis ester sor piés.
Bien vois apercevant mes sires est boisiés. »
7565« Certes, vos dites voir, dist Gontars li proisiés,
Es plains de Waucolors où il sunt envoié ;
Car il ont trové le bon Danois Ogier,
Fouque de Morillon et Maiencort le fier[4]
Et le conte Guimart o trois .m. chevaliers.
7570Jamais ne les verres sains ne saus ne entiers. »
Comme Maugis l’entent, à poi n’est enragiés[5]
[Il est caü pasmé seur le marbre listés ;[6]
En trois lieus a le front et les sorcis brisiés].
Et a pris .i. coustel durement apointié ;
7575[Ferir se vost el cors, por l’ame fors sachier,[7]

  1. 7551-7552 Pris de M.
  2. 7556 L gentil. B M vaillant. B M ajoutent : D’une part le mena, si l’a araisonné (B et si l’a arainié), Biaus sire, entendez moi pour l’amour Dieu du ciel.
  3. 7557 B Si vous conterai ja. M Conteroi vous, Maugis.
  4. 7568 B Marangos le fier. M avec mil chevalier.
  5. 7571 Metz erragiés. M marvoiés. Ce vers et le précédent manquent à B.
  6. 7572-7573 Pris de M Metz.Celui-ci a queüs, sor, entaillié, lex, le sorcil. La pâmoison est ordinaire chez nos chevaliers sous le coup d’une émotion soudaine et violente.
  7. 7575-7576 Le couteau du relieur a retranché ces deux vers ; le texte est pris de B M Metz.