S’i n’est ancui pendus, ja n’ai m’arme pardon.
Unques en mon vivant n’amai jor traïson ;
Or nel commencerai, se Dieu plaist et son non. »[1]
« Sire, ce dist Pinax, entendes ma raison.
Au bos de la Serpente, dejoste Balençon,
Porois ja encontrer Renaut, le fil Aimon,
Et [Guichardin] son frere et Aallart le blont[2]
Et Richart le menor et Maugis le laron.
Relient lor navrés, departent lor prison.
Tuit sont sain et haitié, il n’i ont se bien non. »
« Par mon cief, dist Rollans, ge te fera[i] hau[t] don ;[3]
Tot l’or de mes escrins te metrai à bandon. ».
Olivier en apele, son vallant compaignon.
« Vos i venres ausi, li Baivier Ydelon,
Ric[hart] de Normendie, Estous, li fix Odon.[4]
Ogier de Danemarce, pa[r] n[on] vos somounons.[5]
Ales vos adober, car nos vos somonon.[6]
Si verra[i] la proece Renaut, le fil Aymon.[7]
.iiii.m. enmenrons o nos de bons barons. »
Et cil li respondirent : « Volentiers le feron. »
Lor se sont adoubé sans nul arestison.
Il vestent les haubers, lacent hiaumes reons,
Et çaignent lor espées à senestres gierons,
Et montent es cevaus auferrans et gascons,
Et li leres les guie les l’eve de [D]ordon.[8]
- ↑ 8396 Roland est la loyauté même ; dans sa jeune ardeur, sans se demander ce qu’en pensera son oncle, il décide de châtier le traître. Par respect du devoir envers son suzerain et des liens de famille, Renaud se résoudra à sauver le roi Yon, mais il ne s’y résoudra qu’après mûre réflexion, et il tiendra à donner les raisons de sa conduite. L’opposition des deux caractères héroïques est très heureusement marquée.
- ↑ 8400 L Et Guichart, vers faux. M Guichardin.
- ↑ 8404 L fera.. hau.
- ↑ 8408 L Ricier.
- ↑ 8409 L pas ne vos somounons. B nous vous en semonnons. M par non vous i semons.
- ↑ 8410 B car nous vous i menrons. M manque.
- ↑ 8411 L verra. B verres. M verroi.
- ↑ 8418 L Bordon. M tint levé .i. bourdon.
