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les quatre fils aymon

Cil i fierent grans cos des espiés neellés.
Ki là veïst Renaut ferir et encontrer ;
9045Sovent crie s’ensaigne Montauban, haut et cler.
Richars fu d’autre part, ki bien les sot grever.
Une eschiele de Frans a entr’eus .ii. passé.
Richars crie s’ensaigne por sa gent assembler.
« Ahi ! Renaut, biau frere, où iestes vos alés ?
9050Vees com li François sunt çà outre passé.
Or feres de l’espée qui vos pent au costé,
Je ferrai de cesti qui molt fait à loer,
Que on puisse de nos jusqu’à Paris parler. »^[1]
Quant Renaus l’a oï, forment l’en a amé.
9055Il a traite l’espée de son senestre lé.
Qui donc veïst Renaut ses cos abandoner^[2]
Et ferir de Froberge et ces hiaumes coper,
Ces escus et ces hiaumes fendre et escarteler.
Ainc charpentiers de bos ne home qui soit nés,
9060Ne demena tel chaple en parfont bos ramé
Comme faisoit Renaus sor ces hiaumes jamés,^[3]
M 239Il et Richars ses freres as espées del lés.
François voient lor perte, s’unt Rollant escrié :
« Rollant, li niés Charlon, où iestes vos alés ?^[4]
9065Venes vo gent secorre, qui molt sunt agrevé. »
Quant Rollans l’a oï, à poi n’est forsenés.
Com il vit ses eschieles à tel dolor torner,
Il escrie Monjoie, à sa vois haut et cler.^[5]
« Renaut, li fius Aymon, où iestes vos alés ?
9070Pres sui de la bataille que requisse m’aves. »
Quant Renaus l’a oï, cele part est tornés,
Et a dit à Rollant : « Où aves vos esté ?

1. 9053 Richard est toujours le plus soucieux de ce que l’on dira de leur, hauts faits. Ici Renaud ne peut s’empêcher de l’approuver. Le trouvère, enthousiaste des beaux combats, prend le jeune guerrier pour interprète de ses sentiments. Le caractère féodal et chevaleresque des Fils Aymon fit leur succès immédiat et durable, malgré la concurrence des romans bretons.
2. 9056 Il y a cos comme au v. 9043. M coups. B son cors.
3. 9061 M gal qui évite la répétition de bos.
4. 9064 L lor. M la.
5. 9068 L ses homonjoie.