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les quatre fils aymon

9470« Par foi, dist Aallars, et nos le vos dirom.
Nos avomes perdu Richart, no compaignon.
Mené l’en a Rollans à son oncle Charlon.
Se Dame Dex n’en pense, jamais ne le verron. »
« Est ce voir ? » dist la dame « Oïl, par saint Simon. »
9475Ele chaï pasmée sos .i. arbre reont.
« Lasse, ce dist la dame, chaitive, que ferom ?
Quant Richars est perdus, jamais joie n’aurom.
Par lui oi je la pais à Renaut, mon seignor,[1]
Par Aallart son frere et Guichart le baron. »
9480Or dirons de Maugis qui nel mist en sejor,
M 250Qui s’en est retornés à son ostel, el borc.
Illuec se desarma Maugis, li bon larron,
Et s’osta son bliaut et l’ermin peliçon,
Sa chemise et ses braies et chauces et chauçon.
9485Tous nus se despoilla Amaugis, li larron,
Puis a mengié d’une herbe, enflés fu comme bous.
Apres se taint d’une autre, noirs fu comme cherbon,
Et ot les iex tornés, mesiaus resambla donc.
Jamais n’iert reconus par nul home del mont.
9490Il prist chape locue à .i. grant chaperon,
Et chauça .i. trebus, puis a pris .i. bordon ;[2]
Et les paumes au col, l’escrepe environ,
Bien samble pelerin k’ait geü en prison.[3]
De Montauban s’en ist par la porte Foucon.
9495Quant il vint au chemin, s’akiut tel galopon,
Ne se tenist à lui .i. mules arragon.
Le bos de la Serpente traversa à bandon.
Et vint à Monbendel où fu li tres Charlon
Ençois est il as tentes que Rollans, li frans hom.
9500Il esgarde le roi devant son paveillon ;
Ne li dira ja mot, si verra sa façon.

  1. 9478-9479 V. vv. 8545-8573.
  2. 9491 M Et caucha unez trublez
  3. 9493 La prison semble tout d’abord un asile mal choisi pour un pélerin, mais aller sur les routes devint sans doute un métier, et certains pélerins ou ermites inspiraient médiocre confiance aux habitants des villes. À Montpellier, une statuette et une inscription marquent l’endroit où Roch fut arrêté, à son entrée dans la cité où sa mémoire devait être l’objet d’un culte.