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les quatre fils aymon

Et avec Monferras, se prendre le voles,[1]
Monpanon et Monsac et l’Estole dalés. »
« Sire, ce dist Estous, merci, por amor Dé.
Ves là Œdon, mon pere, qui tient les iretés.
10150Onques n’en oi encor ne chastel ne cité ;
Ains sui compains Rollant de mes armes porter ;
Si me vif de mes armes com autre bacelers.[2]
Mais quant aurai la terre et tenrai l’ireté,
Adonc ferai je, sire, toute vo volenté. »
10155« Par saint Denis, dist Charles, vos i covient aler.
Je me sui por les autres à vo cors aboutés. »[3]
« Sire, est ce donc à certes que vos issi parles ? »
« Oïl, ce dist li rois, si me garisse Dés. »
« Par foi, ce dist Estous, or vos oi je jurer ;
10160Mais par cele corone que vos deves porter,
Vos ne volries estre al caaignon fermer,
Empereres de France, por .xiiii. cités. »[4]
« Oes, sire, dist Guenes, con vos a ramprosné. »[5][6]
M 268« Voire, ce dist li rois, tot le confonde Dex ! »
10165Charles tint .i. baston, s’a Estout regardé ;
Par mal talent li giete, qu’il le cuide afoler ;

  1. 10146-10147 Manquent à B.
  2. 10152 B vis.
  3. 10156 B vers vous asseürez.
  4. 10162 B pour l’empire de France, si me garisse Dés, Si com je cuit et croi pour .xiiii. chités.
  5. 10163 A Ganez.
  6. 10163 Les imitateurs italiens ne pouvaient négliger ces portraits ainsi rassemblés des célèbres barons de Charlemagne. Estous, le hardi et plaisant compagnon de Roland, est destiné à la plus heureuse fortune, car en Italie il deviendra Astolfo l’inglese (de Langres, langrois, l’Angrois, l’Anglois), le riche prince d’Angleterre, qui, en dépit de quelques travers, restera le plus agréable des Jeunes. Ganelon est à peine indiqué ici, mais il a une telle place au Beuves d’Aigremont que cela suffit, et d’ailleurs Pinabel, Rispeus, les fils de Fouques sont de sa geste, de cette geste des traîtres, qui dans l’épopée italienne est constamment opposée à la geste loyale. V. G. Paris, Histoire poétique, p. 183-189 ; Mussafia, préface de la Prise de Pampelune ; L. Gautier, E pop. nation., 2e édition, III, p. 177 ; Pio Rajna, Propugnatore, ann. IV, p. 83, Cf. Thomas, Recherches sur l’Entrée de Spagne et moi-même Recherches, p. 238-244.