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les quatre fils aymon

Sachies, il n’aloit mie le pas ne le troton,
N’il n’aloit l’ambleüre ne les galos reons ;
Ains va les saus plus tost que ne vole faucons.[1]
10565Et Ripeus fu montés, ferme le caaignon,
Et vit covrir la terre des chevaliers barons.
Il fu si esbahis qu’il ne dit o ne non ;
Dont n’i vossist il estre por nul avoir del mont.
Lors a dit à Richart, le fil au viel Aymon :
10570« Or vos vient .i. secors ; ains si grant ne vit hon.
Or voi venir Renaut sor Baiart l’arragon,
Aallart et Guichart, le fil au viel Aymon.
Cist vos feront secors, gentius fius à baron.
Si m’aïst Dex, Richart, je n’i quis se bien nom.
10575Il n’i a plus ne mains, à vos me rent prison.
Gardes, sire Richars, n’i aie se bien nom.
Je le fis por l’estrif qui iert el paveillon ;
Car je savoie bien que auries secors. »
Richars dist coiement, à molt basse raison :
10580« Por coi me gabes ores, Rispeu de Ribemont ?
Certes se fust or ci Renaus, li fius Aymon,
Ne Aallars mes freres, ne Guichars li baron,
Je ne cuit qu’il soit hom nus si hardi el mont,
M 279Qui des mois me fermast el col le chaieignon. »
10585« Par foi, ce dist Ripens, mie ne vos mentom.
Ves le ci où il vient, à .i. giet de baston.
Je ne vos quier mal faire, avales l’escaillon.
Tos tans vos cri merci, gentius fius à baron. »
« Ja ne soit il mes freres, Renaus li fius Aymon,
10590Ripeu, s’il ne vos pent à cestui caaingnon. »
Et Renaus li escrie à molt haute raison.

  1. 10564 Dans le secours porté par Maugis à Vaucouleurs, Bayard est au second rang : ici il est au premier, car sans sa vigilance Richard était perdu. Le cheval faé frappant le bouclier est une des images des éditions populaires : la rapidité de sa course, en cette circonstance tragique, fit de lui le destrier par excellence. Ici il est à l’apogée de sa destinée épique. L’intérêt qui s’attache à ses faits ne peut que s’amoindrir jusqu’au moment où sacrifié par ses maîtres à la conclusion de la paix, il sait tromper la rancune de Charles et s’enfuit dans l’Ardenne.