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les quatre fils aymon

empereurs byzantins durent accueillir avec faveur le jeune barbare en qui ils pouvaient avoir un jour un instrument utile[1].

Gonthramn Bose, que nous avons laissé en Austrasie, reparaît ici, et nous apprenons qu’il se rendit à Constantinople, éveilla dans l’âme du proscrit l’espoir de se faire accepter au nombre des rois franks, lui promit sans doute le concours des chefs gallo-romains et des fidèles du jeune Childebert, obtint enfin de lui qu’il rentrerait dans sa patrie et ferait valoir ses droits.

Gondovald débarqua à Marseille du vivant de Chilpéric, fut bien accueilli par l’évêque qui allégua plus tard qu’il avait obéi aux ordres contenus dans une lettre signée de la main des principaux seigneurs de Childebert. Mummolus et Desiderius qui avait récemment combattu le roi Gonthramn pour le compte de Chilpéric, se déclarèrent pour le prétendant. Avec l’appui de ces deux hommes de guerre, les sympathies de nombreux évêques, la faveur des Gallo-Romains qui se lassaient d’être pillés par les Franks et les dispositions bienveillantes de l’Austrasie, Gondovald était en droit de concevoir les plus hautes espérances[2].

Mais il fut presque aussitôt trahi. Il était à Avignon avec Mummolus. Le même Gonthramn-Bose qui était venu le tenter, se révèle son ennemi, soit parce qu’il ne se résignait point à voir Mummolus au-dessus de lui, soit parce que ses instincts rapaces l’avaient ressaisi. Il court à Marseille, en chasse l’évêque sous le prétexte qu’il avait appelé un étranger

  1. Gregor. Turon. VI, 24.
  2. Gregor. Turon. VI, 24. Gondovald eut la sympathie des Austrasiens.

    On peut donc présumer que ses aventures et ses malheurs furent l’objet d’un chant qui, pour le commencement, différait peu du Mainet. De part et d’autre, l’on a un jeune prince à qui une famille injuste enlève son héritage, qui est obligé de se réfugier à l’étranger, qui s’y marie. Mais la légende carolingienne mène son héros en Espagne, en souvenir des guerres avec les Musulmans et de la défaite d’Abderrahman (Braimant). La légende de Charlemagne doit-elle, comme celle de Childéric, quelque chose au passage de Gondovald à Constantinople ? Dans ces analogies et ces contacts, l’on a, tout au moins, un moyen d’expliquer comment les éléments mérovingiens et carolingiens tendaient à se fondre en une même composition.