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les quatre fils aymon

Il est aisé de montrer les analogies que présentent la narration de Grégoire de Tours et celle des Fils Aymon. Quand Charlemagne, après avoir occupé Monbendel (manuscrit L) ou l’avoir pris de force et rasé (mss. B, C, A, V)[1], constate qu’assaillir Montauban est chose périlleuse et que cependant le temps se perd, il envoie un messager au roi Ys pour obtenir que ses ennemis lui soient livrés ; et, chose remarquable, c’est à Toulouse[2] que ce message est porté, dans une ville où Mummolus et Gondovald s’étaient attardés, mais dont l’indication dans les Fils Aymon étonne en cet endroit, puisque, d’après un récit antérieur, Ys ne possède plus que Bordeaux, Toulouse étant resté aux mains des Sarrasins. Mummolus et ses amis s’engagent, par serment dans une église, à trahir Gondovald ; de même, plusieurs conseillers du roi Ys jurent « sur sains » de livrer Renaud. Les arguments que le roi Ys emploie pour convaincre Renaud sont de même nature que ceux auxquels Mummolus a recours pour tromper Gondovald. Des guerriers sont apostés à la porte de Convenæ pour recevoir le prétendant, de même que les chevaliers de Charlemagne sont apostés à Vaucouleurs. L’on objectera que les situations étant identiques on doit retrouver les mêmes motifs épiques. Mais la concordance est vraiment extraordinaire. Je laisse de côté un argument qui a son prix, la communauté du lieu. Dans les deux narrations, c’est Bordeaux, c’est Toulouse, c’est la Dordogne, c’est la Garonne. Mais il y a plus.

Le Montauban de la Chanson est situé au « regort de deux eves », à l’endroit où la Garonne se jette dans la Gironde qui

    ch. III de la Chronique. Pour le reste, l’accord est à peu près complet. Mais M. Osterhage ne connaissait point mon édition du Turpin. Sur les mêmes chemins, on rencontre des fleurs pareilles. Il est équitable de mentionner, quand on le peut, celui qui le premier les cueille et les étiquette à l’herbier commun, mais on ne le peut pas toujours.

  1. Dans les Fils Aymon, le siège de Monbendel n’a plus aucune raison d’être. Aussi, dans la version L (éd. Michelant), est-il réduit à une sommation suivie de capitulation immédiate. Dans l’histoire de Gondovald, l’on a de même deux sièges ; le premier, celui d’Avignon, est levé sans qu’il y ait combat. Le gouverneur de Monbendel est Hues de Belquerre. L’analogie avec Beaucaire serait-elle une marque d’origine ?
  2. Le ms. 775 (B) et tous ceux de cette famille sont d’accord là-dessus avec le ms. La Vallière.