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les quatre fils aymon

ces orthographes se retrouvent toutes dans le même manuscrit. Des termes de Renaud, il ressort que ce mot signifie pour le roi Ys et pour lui la montagne des aubains, où des étrangers tels que lui viendront s’établir. Ce qui se réalise. Montauban ou Montaubain, interprété ainsi, est exactement la traduction de Convenæ qui signifie un groupement de gens venus de divers pays[1]. C’est une réplique de la ville que la trahison de Mummolus et la mort de Gondovald avaient rendue célèbre, de même que le roi Ys en trahissant Renaud répète la trahison de Mummolus trahissant Gondovald, de même que Renaud, comme Gondovald, est un révolté que le roi poursuit de sa vengeance. Et Charles ressemble fort à Gonthramn qui a bien sa part de complicité dans le complot tramé entre son général et celui du prétendant : ce trait s’ajoute à ceux que le personnage du roi tenait déjà de Chilpéric.

Il est un autre point de vue que l’on ne saurait négliger. Gondovald, jusqu’au dernier moment, maintient qu’il est fils et frère de rois. Son discours du haut du mur de Convenæ rassemble habilement ses arguments. Il va jusqu’à offrir de se rendre auprès de son frère le roi Gonthramn : « S’il me reconnaît pour son frère, je ferai ce qu’il voudra. » Il prend à témoin des femmes de la famille royale, Radegonde à Poitiers, Ingeltrude à Tours : « Elles affirmeront la vérité de ce que j’ai dit. » Il aurait pu nommer également Brunehilde[2]. Ce

  1. Saint Jérôme rappelle l’origine de Comminges quand il écrit contre Venantius qui y était né : « Respondet generi suo, ut qui de latronum et convenarum natus est semine, quos Cn. Pompeius, edomita Hispania, in Pyrenaeis jugis deposuit et in unum oppidum congregavit, unde et Convenarum urbs. »
  2. Le roi Gonthramn savait par les aveux que la torture avait arrachés aux messagers de Gondovald que tous les leudes de Childebert avaient offert au prétendant la dignité royale. Il se hâta de faire venir son neveu et l’on interrogea de nouveau les malheureux messagers. Ils maintinrent leurs déclarations : « Adserebant etiam hanc causam, sicut jam supra diximus, omnibus senioribus in regno Childeberti regis esse cognitam. » Aussitôt Gonthramn remet sa lance à son neveu et le reconnaît pour son héritier. Il eut un entretien secret avec lui. Au banquet qui suivit, il le présenta comme son fils et recommanda de voir en lui un homme fait et non plus un enfant. Les fêtes durèrent trois jours et les rois se séparèrent réconciliés, après avoir échangé des présents. Gonthramn restitua à Childebert tous les biens de son père Sighebert, le conjurant de ne pas