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appendice

palais, reproche au roi d’oublier la mort de son fils et de Bertelet. Ses ennemis se risquent sur ses terres. Charles répond que Renaud ne l’oserait pas.

Le messager réplique qu’il a vu Renaud et Maugis à Orléans. Ils viennent à Paris essayer Bayard, car ils veulent gagner la couronne. Le roi ordonne de lier l’espion. S’il a menti, il sera pendu ; s’il a dit vrai, il recevra cent livres et un destrier. Il envoie Aymes (écrit ici Naymes, mais c’est d’Aymes qu’il s’agit) et Ogier faire le guet dans le bois sous Lonjemel, et promet de les bien payer. Aymes et Ogier partent avec quatre cents chevaliers. Ici manque l’indication de l’endroit où Renaud et les siens se sont arrêtés. Plus loin on voit qu’ils sont dans un « ramier », non loin de celui où se cachent les hommes de Charles.

Renaud et sa troupe n’ont rien à manger, n’ont point d’argent. Il s’adresse à Maugis. Celui-ci se déguise en écuyer, déchire ses habits, met sa coiffe « cen de devant derier », fait des grimaces. Enfin avec son écuyer, qui a pris un costume de chevalier et doit l’attendre à la porte d’un château voisin, il part. C’était la fête du « Lendi». Maugis contrefait le fou, crache au nez des gens, leur jette de la boue. On lui fait des largesses. D’un coup de poing, il se débarrasse de l’un d’eux qui voulait le retenir. Puis il court à l’endroit où étaient les changeurs :

As deniers est venus, si commence à tencier.
Boistes, borses et sas, maintes copes d’or mier,
Et tire le tapis, toz les fait trebucier.
Li deniers vont volant aval par le caucier.
5Li noise commença forment à efforcier ;
Tout ceurent cele part vilain et macetier,
Parmentier, puisonier, marceant et bocier ;
Qui ains i pot venir n’i se vot delaier.
Et ceurent à l’avoir forment por gaignier,
10Li gaainz fu moult granz, et plus les orent chier.
Li .i. boute de ça, l’autre prent à tirer.
Qui enlevait l’avoir, nel pooit ostoier,
Que des puins li ostoit cil qui plus l’avoit cier.
Là peüssiez veïr fort estor commencier,
15Tant dent voler de bouce, tant ceviel eracier,
Et tant riche borgois estendre et baeillier.
Qui caï en l’estor ainz ne s’i pot aidier ;
Enqui li convenoit l’ame du cors voidier.
Et quant Maugis le voit, n’i ot que laiecier.
20Devant lui a trové .i. vilain carbonier
Qui portoit .i. noir sac com meure de meurier.
Le sac li a tolu, si se met el cangier.