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appendice

les pierres et l’or à ses gens, et placera l’escarboucle au haut de sa tour : « S’en verra on par nuit une liue tenant. » Aucun cheval ne vaincra Bayard.

Et veez là Maugis que vous amiez tant,
Sor ce corant destrier qui me va ataignant.
Vostre tresor enbla à Orliens voirement,
Et si s’est bien vantez, si l’ont oï auquant,
Que ja ne vos gara murs ne tors ne ciment
Que vostre cors n’enbloit à tote vostre gent ;
Si vos emportera à Montauban la gent,
Là ferai je de vos mon bon et mon talent.
Que ja ne vos vauront ne ami ne parent
Ne terre ne avoirs ne fil ne casement
Que ne vos venge tot le deseritement
Que vos avez tenu si tres vilainement.
Cil Dieu à qui je doing cuer et cors et talent,
Le vos puise merir au jor del jugement… »

Il part pour Montauban : l’empereur n’a-t-il rien à y mander ? Il l’y trouvera, s’il en a envie. Il broche Bayard de l’éperon, tire l’épée, va au roi qui a peur, car il était désarmé. Mais Renaud l’épargne et se borne à trancher la tête du cheval. Charles tombe, remonte sur un autre cheval et suit ses hommes qui poursuivent Renaud. Celui-ci fuit, tue trois chevaliers qu’il rencontre. Les autres lui laissent libre passage. Il passe la Seine, descend de selle, essuie la sueur de Bayard, remonte sur lui, prie Dieu, voit que le fleuve se remplit de chevaliers « qui nooient à force de cheval », alors, par-dessus la Seine, Charles demande à Renaud de lui rendre la couronne. Il en donnera cent fois la valeur, et Renaud en pourra payer un an ses soudoiers. Il lui accordera une année de trêve pendant laquelle on pourra négocier la paix. S’il refuse, Charles le poursuivra partout, lui enlèvera ses terres et ses châteaux, le fera écorcher vif avec ses frères. Renaud ne cède pas : s’il vient le provoquer à Montauban « Tiex n’en set ore nient qui le comperra chier. » — L’on a la suite du dialogue à la fin de la note au vers 5003.

Maugis avait apporté deux lances et deux écus qu’il s’est procurés en ville. Renaud lui dit de partir, que pour lui il va « tourner vers les premiers passés. » Maugis veut en faire autant. Ils abattent chacun son homme. Trois cents des hommes de Charles s’étaient noyés dans la Seine. Renaud et Maugis partent enfin, mais ils abattent ceux qui les suivent de trop près. L’empereur se désespère, mais se promet bien de les prendre. Naimes lui dit de revenir en arrière et il suit le conseil. Renaud et Maugis vont embrasser Alard et Guichard et l’on se met en route pour Montauban.

L’on a ainsi quatre formes d’un épisode d’abord assez court : L M Metz,