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Théorie de l’injection purulente ; abcès métastatiques. — Comment l’infection purulente se produit-elle ? Tel est le problème qu’il faut discuter, qu’il faut résoudre ; question épineuse à tous égards, et contre laquelle bien des auteurs sont venus se heurter. La pyohémie, point essentiel de la phlébite suppurée, a donné lieu à des hypothèses plus ou moins ingénieuses, à des controverses sans fin qui ne nous ont point encore éclairé sur la nature des causes d’un état morbide redoutable.

De tout temps, on a attribué à la présence du pus dans le sang, les nombreuses altérations qui affectent les organes parenchymateux. Un professeur allemand, Virchow, est venu combattre cette idée presque séculaire, et sans rejeter les effets morbides du pus mêlé au sang, il en amoindrit l’importance, pour donner aux embolies leur véritable signification. À la fin du seizième siècle, le père de la chirurgie française, Ambroise Paré, convaincu de la perméabilité du tissu vasculaire, expliquait les phénomènes de l’infection par l’absorption du pus en nature. Piorry, considérant la présence du pus dans le sang, attribuait les lésions multiples constatées dans l’organisme à une diathèse, à une disposition spéciale du fluide sanguin à produire de la matière purulente. Cette opinion, reproduite par Dehaën et Petit, n’est plus admise aujourd’hui, et vouloir la soutenir encore, serait préférer les ténèbres à la lumière, et se placer en dehors de toute observation sérieuse.

Peu après la découverte des lymphatiques par Aselli, quelques auteurs, doutant de l’intravasation du pus dans les veines à la faveur d’une lésion quelconque, furent portés à croire que ce phénomène était la propriété exclusive des lymphatiques qui s’abouchent à l’intérieur des abcès ouverts. Cette théorie, acceptable pour un temps où les lymphatiques étaient