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MUSÉE ÉPIGRAPHIQUE

nouveauté dangereuse. Voyez plutôt combien de changements ont eu lieu dans cette cité, et combien, dés l’origine, les formes de notre République ont varié.

« Dans le principe, des rois gouvernent cette ville, il ne leur est point arrivé cependant de transmettre le pouvoir à des successeurs de leur famille ; d’autres sont venus de dehors, quelques-uns furent étrangers. C’est ainsi qu’à Romulus succéda Numa venant du pays des Sabins, notre voisin sans doute, mais alors un étranger pour nous. De même à Ancus Harcius succéda Tarquin l’Ancien qui, à cause de la souillure de son sang (il avait pour père Demarathe de Corinthe, et pour mère une Tarquinienne de race noble il est vrai, mais que sa pauvreté avait obligée a subir un tel époux), se voyait repoussé dans sa patrie de la carrière des honneurs ; après avoir émigrés Rome, il en devint roi. Fils de l’esclave Ocresia, si nous en croyons nos historiens, Servius Tullius prit place sur le trône entre ce prince et son fils ou son petit-fils, car les auteurs varient sur ce point. Si nous suivons les Toscane, il fut le compagnon de Cœlius Vivenna, dont il partagea toujours le sort. Chasse par les vicissitudes de la fortune avec les restes de l’armée de Cœlius, Servins sortit de l’Étrurie et vint occuper le mont Cœlius, auquel il donna ce nom en souvenir de son ancien chef ; lui-même changea son nom, car en étrusque, il s’appelait Mastarna et prit le nom que j’ai déjà prononcé, de Servius Tullius, et il obtint la royauté pour le plus grand bien de la République. Ensuite, les mœurs de Tarquin et de ses fils les ayant rendus odieux à tous, le gouvernement monarchique lassa les esprits, et l’administration de la République passa à des consuls, magistrats annuels.

« Rappellerai-je maintenant la dictature, supérieure en pouvoir a la dignité consulaire, et à laquelle nos ancêtres avaient recours dans les circonstances difficiles qu’amenaient nos troubles civils ou des guerres dangereuses, ou les tribuns plébéiens, institués pour détendre les intérêts du peuple ? Passé des consuls aux décemvirs, le pouvoir, lorsqu’il fut ôté au décemvirat, ne revint-il pas aux consuls ? La puissance consulaire ne fut-elle pas ensuite transmise tantôt à six, tantôt à huit tribuns militaires ? Dirai-je les honneurs, non seulement du commandement, mais encore du sacerdoce, communiqués plus tard au peuple ? Si je racontais les guerres entreprises par nos ancêtres et qui nous ont fait ce que nous sommes, je craindrais de paraître trop orgueilleux et de tirer vanité de la gloire de notre empire, étendu jusqu’au de la de l’océan ; mais je reviendrai de préférence à cette villa… »