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lignes droites se croisant en X dont les extrémités et les intersections sont accusées par un annelet.

La légion romaine marchait précédée de son aigle portée par un aquilifer, et en avant des cohortes et des manipules venaient leurs signiferi ou porte-enseignes distinctifs dans leur ordre de bataille. Sur la colonne Trajane, les signiferi qui ouvrent la marche ont leur enseigne surmontée d’une main droite entourée d’une couronne de laurier (Montfaucon, Ant. expi., IV, pl. 49, 50. — De Caumont, Cours d’ant. mon., II, pl. XII ; Bull, mon., t. XXVII, p. 589). Sur la colonne Antonine, on voit les signiferi, rangés autour du prétoire de l’empereur qui prononce une allocution, porter aussi des enseignes surmontées d’une main droite (Montfaucon, Ant. expi., IV, p. 92, pl. 35, fig. 5 et 6, et pl. 47). C’était sans doute un symbole de leur fidélité. On voit sur les monnaies impériales deux mains droites jointes, avec la légende : Fides exercituum, ou prætorianorum, ou legionum ; ou bien concordia exercituum, ou militum. Les armées s’envoyaient les unes aux autres des mains droites comme un gage de leur union. On voit l’armée de Syrie envoyer aux prétoriens des mains droites en signe de concorde (Tacit., Hist., lib. II, cap. 8). Les villes en agissaient de rnéme avec les armées. On voit la cité de Langres envoyer, suivant la vieille coutume, des mains droites aux légions en signe d’amitié hospitalière (Tacit., Hist., lib. 1, cap. 54). Il y avait sans doute réciprocité, car on connaît une main droite sur laquelle on lit, gravé en grec : 2YMB0A0N I1P02 0YEAAYNI0Y2, ce qui indique qu’elle avait été donnée en symbole aux Velauniens ou habitants du Vélay (Dumolinet, Cab. de Sainte-Geneviéve, p. 6, fig. 9. — Montfaucon, Ant. expi., III, part. II, pl. 97. — De Caylus, Rec. d’ant., V, p. 154, pl. 65, n° 4. — Mém. de la Soc. des Ant. de Fr., IV, p. 66).

Il existe d’autres mains droites qui sont chargées d’emblèmes variés et bizarres, attributs réunis et incohérents de différentes divinités. Ce sont des mains votives ; mais, celles-là sont purement religieuses, si l’on peut appeler ainsi les idées de mysticisme superstitieux qui ont fait consacrer ces mains panthées. On peut en citer plusieurs dans Montfaucon, Ant. expl-, 11, part. Il, pl. 137. — Beger, Thes. Bràndeb-, III, p. 104. — De Caylus, Rec. d’ant., V, p. 176, pl. 63 ; p. 295, pl. 93. — Voyez aussi Antichita d’Ercolano, V, p. 5, pl 1, et trad. française de cet ouvrage par Sylvain Maréchal, VI, p. 9, pl. 1). On connaît des mains ithyphalliques (De Caylus, Rec. d’ant., IV, pl. 31, 5).

Plus tard, au moyen âge, la main droite reparaît, et on la retrouve sur le sceau de nos rois comme main de justice.