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on a tracé au Malabar, avec un style de fer, des écritures en langue et en caractères tamouls.

Quinte-Curce, lib. VIII, c. 9, dit qu’à l’époque de l’expédition d’Alexandre, les Indiens écrivaient ainsi sur des feuilles de même nature : Libri arborum teneri haud sec us quarti chartæ aliàs cerœ) literarum notas capiunt. Ils agissent encore de même. Ce n’est point les feuilles de latanier qu’ils emploient, comme l’énonce le major Taylor dans son Voyage dans l’Inde, traduit par de Grandpré, t. I, p. 120 ; ce n’est pas noa plus des feuilles du cocotier qu’ils se servent, comme le dit M. Regnault dans son Hist. nat. hyg. et écon. du cocotier ; c’est le talipot (corypha umbraculifera, Lin.) qui leur fournit les feuilles propres à cet usage. Le talipot, tali en sanscrit, tala en cingalais, est un grand arbre de la famille des palmiers, qui s’élève à quinze ou vingt mitres, et dont la tige cylindrique est couronnée par un faisceau de longues feuilles verdoyantes qui lui forment une cime en parasol. Lorsque les Portugais débarquèrent à Calicut en 1498, ils ne tardèrent pas à remarquer la simplicité du mode d’écriture adopté dans ces régions, qui allaient être bientôt pour eux le théâtre d’un commerce si actif. Dès lors bien des transactions passées entre les Européens et les Hindous n’eurent d’autre sûreté qu’une feuille enroulée de palmier qu’on désignait sous le nom d’ola ou hola. Ce nom est usité dans le dialecte portugais de Goa, où il signifie feuille. On y appelle aussi parfois ainsi un décret de l’autorité. Mais ce mot appartient aux langues de l’Extrême-Orient, ainsi que le fait remarquer le cardinal Sairaïva dans son glossaire des mots portugais dérivés des langues orientales, publié à Lisbonne en 1837. On retrouve celte racine dans l’hébreu hholeh, qui veut dire feuille ; de là aussi le folium des Latins. Rien n’est plus commun dans l’Inde que ce papier, surtout à Ceylan, où croit abondamment cet arbre, et où il parait qu’il faut chercher l’origine de l’écriture sur feuille de palmier ; la nature le fournit libéralement, et il ne fait jamais défaut aux écrivains. C’est sur les olas que s’écrivent entre les natifs la plus grande partie des actes civils ou des choses nécessaires au commerce habituel de la vie. Pour les préparer, on les prend lorsqu’elles sont blanches et tendres ; elles ont dans cet état l’avantage de jaunir très-peu et de conserver pendant de longues années une certaine élasticité. Lorsque les Indiens écrivent, ils ne se servent pas de plume d’oiseau. Un brahme ne pourrait sans se souiller toucher une matière aussi impure. Ils y substituent soit un petit roseau taillé appelé calam (le calamus des Latins), lorsqu’on écrit sur le papier ; mais lorsqu’on écrit sur les oies, on se sert d’un style ou poinçon de fer long de huit à neuf pouces anglais ; l’extrémité supérieure est