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dire qu’il n’est sortes d’artifices qnè les Chinois n’aient employés pour empêcher les étrangers de naturaliser chez eux, au moyen de la graine, cet arbuste précieux. Le P. Labat porta de la Chine à la Martinique des graines qu’on lui avait données et qu’il avait prises pour celles du thé. Quand elles eurent poussé, on reconnut à la floraison que l’arbuste n’était autre que le Camélia manqua, avec lequel l’arbrisseau du thé a une parfaite ressemblance. Linné ne fut pas, il est vrai, ainsi trompé. 11 sema bien de vraies graines de thé, mais aucune ne leva, et le même insuccès se produisit à diverses reprises. C’est que les graines étaient un peu vieilles ; elles exigent pour lever qu’on les mette en terre presque aussitêt que cueillies. Il faut en attribuer la cause à l’huile qu’elles contiennent, qui, facile à rancir et se corrompant, fait périr le germe. Les Chinois emploient la graine à l’instant de la maturité, qui a lieu en janvier ou février. Sur le terrain situé au bord de l’eau et qui vient d’être préparé, des ouvriers creusent à la pioche de petits trous d’un pied de profondeur et espacés de 5 à 6 pieds. Des femmes, portant à la main un panier de graines, en mettent dans chaque trou une douzaine, qu’on recouvre d’un engrais approprié ; on comble ensuite le trou sans trop fouler la graine. Une à peine sur celles qu’on dépose dans le sol lèvera pour répondre aux espérances ; aussi est-il des cultivateurs, qui aiment mieux se servir des jeunes plants qui poussent naturellement ou des rejetons qui naissent des racines.

b. — Récolte et préparation de la feuille.

5. — Qu’il soit semé ou planté, l’arbuste donne sa première récolte à trois ans. Tous les soins ont été employés pour le f ire prospérer. Les recépages, les fumures, les irrigations ne lui ont pas manqué ; une clôture a même défendu la plantation contre la dent des animaux ou la cupidité des maraudeurs. Au premier printemps, les tendres et jeunes pousses se couvrent d’un feuillage délicat, qui est destiné à faire du thé vert. Les feuilles de choix sont celles de la pointe. Ce sont elles, dit le P. Duhalde, 1.1, p. 29, qui produisent ce que les Chinois appellent le Mao-tcha, destiné seulement à l’empereur, aux princes et aux grands seigneurs. Il faut faire observer que ce thé impérial n’a que le nom de commun avec celui qu’on désigne ainsi dans le commerce européen et qui n’est qu’une espèce de poudre à canon. Le véritable thé impérial ne peut nous parvenir qu’à titre de présents de la munificence souveraine faits à des personnes qu’elle veut bien en gratifier ; c’est ainsi que deux capitaines malouins, MM. Grout de Saint-Georges et Danycan, furent au siècle dernier l’objet de cette rare faveur, dont leur belle conduite fut