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de cette scène (Bracci, Memor. d’ant. incis., II, 61 ; — Guignault, Sur le symb’. de Kreutzer, p. 362, pl. 244, n» 279). Ulysse n’y est pas représenté. Dioscouride est un célèbre graveur dont Pline (Hist. nat., lib. 36, c. 4) fait mention particulière ; il cite de loi une intaille où se trouvait la figure d’Auguste extrêmement ressemblante, et qui servit de cachet aux Empereurs qui lui succédèrent. Un autre graveur, qui a signé COAÜNOC, a également représenté Diomède sans Ulysse (Mariette I, p. 27, 38 ; — De Caylus, Rec. d’ant., I, pl. 45, n,® 3 ; IV, p. 242). Avec cette suppression, l’œuvre de Dioscouride a été reproduite par d’autres graveurs, qui n’ont pas signé leurs copies. Telle est la cornaline publiée par Mariette, II, pl. 94, gravée dans le sens du modèle, et qui est par conséquent imprimée à l’envers sur la planche ; tels sont : la pierre publiée par Gorlée, Dact., II, fig. 108 ; Montfaucon, Ant. expi., 1, p. 128, pl. 67, n® 13 ; les camées qui figurent au Cat. du cab. de Fr., sous les n®> 1830 et 1831 ; et telle est enfin l’agate gravée en intaiUe conservée dans le cabinet de Rennes, et qui est exactement semblable à celle de Montfaucon. D faut au surplus se méfier des contrefaçons : le grand-duc Laurent de Médicis en a fait exécuter une sur chalcédoine (Mariette, I, 417).

La figure d’Ulysse se trouve séparément gravée sur une cornaline dans Leonardo Augustino, fig. 171. — Gori, Mus. Flor., II, pl. 27, fig. 3. L’enlèvement du Palladion par Diomède et Ulysse n’a pas été seulement gravé sur une pierre dure. Plin., Hist. nat., lib. 33, c. 55, cite un ouvrage de Pylhéas, qui l’avait ciselé en emblema ou pièce de rapport appliquée sur une fiole, et il rapporte que ce travail de Pylhéas se vendit sur le pied de 10,000 sesterces les deux onces.

Énée, racontant & Didon ce sacrilège, insiste principalement sur ce que ces scélérats osèrent de leurs mains sanglantes toucher les bandelettes sacrées de la déesse virginale (Æneid., II, 163) ; et plus loin, il met en opposition sa propre piété, exprimant avec douleur que, fuyant avec son père Anchise la scène de carnage où il avait rougi ses mains du sang des Grecs, il ne put enlever ses pénates, la religion ne lui permettant pas d’y toucher jusqu’à ce qu’il se fût purifié dans l’eau vive d’un ruisseau, et la main sans tache du vieillard put seule prendre et sauver les dieux du foyer domestique (Æneid., H, 717). Cette ablution était, en effet, un rite consacré (Yirg., Æneid., II, 71.7 ; VI, 229 ;— Tertullien, De bapt., cap. V). Mais si le héros grec put bien sans trouble égorger une femme, même une prêtresse, il n’eût pas du moins osé commettre l’infraction si grave que lui reproche le pieux troyen, et les artistes grecs ses compatriotes n’ont eu garde d’en charger sa mémoire. Diomède, sur la pierre antique,