Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/116

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propres intérêts. Celui-là le soutient par l’exemple de sa vie, ce que tous doivent faire, car chacun est tenu d’édifier le prochain par une vie simple et honnête. Telles sont les vertus — et bien d’autres encore qui ne se peuvent raconter — qu’engendre l’amour du prochain. Il est entre elle des différences, et je ne les donne pas toutes également à chacun. J’en donne une à celui-ci, une autre à celui-là ; mais il n’en est pas moins vrai que l’on ne saurait en avoir une sans posséder toutes les autres, car toutes les vertus sont liées ensemble.

Il en est plusieurs que je distribue de telle manière, tantôt à l’un, tantôt à l’autre, qu’elles apparaissent comme étant la vertu capitale en regard des autres. A l’un c’est la charité ; à l’autre, la justice ; à celui-ci, l’humilité ; à celui-là, une foi vive ; à quelques-uns la prudence, ou la tempérance, ou la patience ; à certains, la force.

Ces vertus et bien d’autres je les dépose dans l’âme à des degrés divers chez beaucoup de créatures. Bien que parmi ces vertus, il n’y en ait qu’une qui, par son objet, soit principale vis-à-vis des autres, il arrive cependant que l’âme ait plus d’occasions dans la vie d’exercer l’une que l’autre, et celle qu’elle développe ainsi, prend de ce chef une importance capitale. Il en résulte que cette vertu tire à soi toutes les autres, lesquelles, ainsi qu’il a été dit, sont toutes liées ensemble par l’amour de charité.

Il en est ainsi de plusieurs dons et grâces de vertu, ou d’autres qualités spirituelles et temporelles.