Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/176

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cœur. Ainsi en s’élevant sur les pieds de l’affection, l’âme commence à goûter l’amour du cœur, en fixant le regard de l’intelligence sur le cœur ouvert de mon Fils, où l’on trouve le parfait et ineffable amour. Je dis parfait, parce que ce n’est pas l’intérêt propre qui l’inspire. Quelle utilité personnelle peut-il retirer de vous, lui qui est une même chose avec moi ? Ainsi l’âme se remplit-elle d’amour en se voyant tant aimée.

Le deuxième degré franchi, elle s’élève au troisième, c’est-à-dire à la bouche, où elle trouve la paix après la grande guerre qu’avait déchaînée ses fautes.

Dans le premier degré, en dégageant ses pieds des attaches terrestres, elle se dépouille du vice ; dans le second, elle s’emplit d’amour et de vertu ; dans le troisième elle goûte la paix.

Ainsi le pont a trois gradins, et il faut passer par les deux premiers pour arriver au dernier. Il est dressé en hauteur de sorte que le courant du fleuve ne l’atteint pas, parce que le poison du péché ne l’infecta jamais.

Ce Pont dressé en hauteur ne laisse pas pourtant de toucher à la terre. Sais-tu quand il a été ainsi élevé ? Quand on le dressa sur le bois de la très sainte Croix, sans que la Divinité fût séparée de votre humanité, qui est comme la vallée terrestre. Voilà pourquoi je t’ai dit qu’en s’élevant en hauteur, il n’était cependant pas séparé de la terre, parce que les deux natures demeurent unies et liées l’une à l’autre. Personne ne pouvait passer sur ce pont avant