Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/264

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en effet, qui lui a donné le temps, et qui l’a retirée des ténèbres ?

C’est alors que la volonté se nourrit d’amour. Elle ouvre la bouche du saint désir et elle y aspire la haine et le regret de la sensualité égoïste, en même temps qu’une véritable humilité et une parfaite patience qui sont les fruits de cette sainte haine. L’âme y conçoit la vertu et produit des bonne œuvres, parfaitement ou imparfaitement, suivant qu’elle se sera exercée plus ou moins à la perfection, comme je te le dirai plus loin.

Au contraire, si l’appétit sensitif se laisse aller à vouloir aimer les choses sensibles, l’intelligence se tourne de ce côté et se propose pour objet les choses périssables, qu’elle donne en pâture à l’amour-propre, qui n’y trouve que le mépris de la vertu et le goût du vice. L’âme n’en retire qu’orgueil et impatience. La mémoire, elle, ne peut se remplir que des impressions que lui fournit l’affection (Notons ici qu’il ne s’agit pas d’intelligence ni de science abstraites et spéculatives, mais d’intelligence pratique et de science de la vie). Ainsi cet amour obscurcit et rétrécit le regard, qui ne discerne plus et ne voit plus, sinon dans ce faux jour. La lumière dans laquelle l’intelligence perçoit désormais toute chose, c’est ce faux éclat de bien, ce clinquant de plaisir, auquel s’attache maintenant l’amour.

Dépouillées de cette apparence, les choses périssables n’auraient pas d’action sur l’homme, qui par