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Dieu qu’est due cette infraction aux conditions normales de l’extase. Et c’est ce que Catherine a noté formellement dans le dialogue. Quand le Père éternel explique que « la langue en parlant ne parle pas », il ajoute aussitôt : « sinon comme il arrive parfois sous la pression du cœur, quand je permets à la langue d’exprimer le trop plein de l’âme pour la gloire et l’honneur de mon nom. Mais cette exception mise à part, la langue ne parle pas[1] »

Évidemment cette exception si expressément réservée ici se réfère au fait même de notre Sainte, tel qu’il nous a été décrit par les témoignages contemporains. Comme plus tard sainte Catherine de Ricci et sainte Madeleine de Pazzi, la vierge de Sienne, par un nouveau miracle de Dieu, pouvait donc parler dans ses extases. Déjà, bien avant la composition du livre, elle avait été favorisée de cette mobilité de la langue, tous les autres organes conservant leur rigidité extatique. C’est ainsi que l’on a pu recueillir d’elle un certain nombre d’oraisons qu’elle faisait parfois à haute voix, dans les ravissements qui suivaient la réception de la très sainte Eucharistie. Mais ici l’exception même semble prévue, concertée, ordonnée comme une règle portée d’avance. C’est l’extatique elle-même qui « demande à ses secrétaires de se tenir prêts à écrire dès qu’ils la verront entrer en extase » ; c’est elle qui dispose tout pour la dictée quelle doit faire.



Les secrétaires. — Quels étaient ces secrétaires ?

Raymond de Capoue nous a conservé les noms de ces secrétaires qui furent parmi les principaux témoins

  1. Dialogue, c. 79.