Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/287

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ne possèdent aucune grâce. L’adversité doit avoir pour effet de les porter à chercher un refuge en moi, à me reconnaître comme leur bienfaiteur, à s’attacher à Moi seul par une humilité vraie. C’est dans ce but, encore une fois, que je leur retire, non la grâce, mais la consolation que je leur avais donnée.

Mais eux, en cette épreuve, se relâchent et se rejettent en arrière avec une sorte de colère spirituelle ; souvent même, ils en viennent à abandonner de différentes façons, leurs exercices, parfois sous couleur de vertu, en se disant en eux-mêmes que ces exercices ne sont plus qu’une opération toute naturelle, puisqu’ils n’y trouvent plus les consolations spirituelles que retirait leur âme.

Si une âme en agit ainsi, c’est qu’elle est imparfaite, c’est qu’elle n’a pas encore complètement rejeté le bandeau de l’amour-propre spirituel qui recouvre la pupille de l’œil de la très sainte Foi. Si elle avait bien écarté ce voile, en vérité elle verrait que toute chose procède de Moi et qu’il ne tombe pas une feuille d’arbre sans l’ordre de ma Providence ; que ce que je lui promets et lui envoie, c’est uniquement pour sa sanctification, c’est-à-dire pour qu’elle possède le bien et la fin pour lesquels je la créai.

Voilà ce que mes serviteurs doivent voir et comprendre : c’est que je ne veux rien d’autre que leur bien, par le sang de mon Fils unique, dans lequel ils ont été lavés de leurs iniquités. En ce sang ils peuvent connaître ma vérité, et ma vérité la voici :