Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XXXIV

(64)

Comment, lorsqu’on aime Dieu imparfaitement, l’on aime aussi le prochain imparfaitement, et des signes de cet amour imparfait.

Sache-le bien, toute imperfection ou toute perfection dans l’amour se manifeste et s’acquiert vis-à-vis de Moi, et aussi pareillement à l’égard du prochain. Elles le savent bien, les âmes simples, qui souventes fois aiment les créatures d’un amour spirituel. Si elles m’aiment d’un amour épuré et désintéressé, c’est purement aussi et avec désintéressement qu’elles aiment leur prochain.

Il en est comme du vase que l’on remplit à la fontaine. Si on le retire de la source pour boire, il est bientôt vide. Mais si on le tient plongé dans la source, on peut y boire toujours, il demeure toujours plein. Ainsi en est-il pour l’amour du prochain, spirituel ou temporel : il le faut boire en Moi, sans autre considération. Car je vous demande de m’aimer du même amour dont je vous aime.

En vérité vous ne le sauriez faire complètement. Moi je vous ai aimés, avant d’être aimé, et dès lors, tout amour que vous avez pour moi, est une dette que vous acquittez, non une grâce que vous