Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/304

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moi, mais il en a bu la coupe en dehors de la source. L’amour qu’il avait pour moi était encore imparfait, imparfait aussi est l’amour qu’il témoigne à celui qu’il aime d’un amour même spirituel.

Tout cela vient de ce qu’il n’a pas complètement arraché la racine de l’amour-propre spirituel. Souvent je le laisse aux prises avec cet amour, pour qu’ainsi il prenne bien conscience de son imperfection. Je lui retire le sentiment de ma présence, pour qu’il s’enferme dans la maison de la connaissance de soi-même, où il acquérera toute perfection. Puis je reviens à lui, par une lumière plus abondante, par une intelligence si approfondie de ma Vérité, qu’il estime désormais comme une grâce, de pouvoir tuer pour moi sa volonté propre.

Il ne lui reste plus alors qu’à sarcler et à parer la vigne de son âme, à en arracher les épines de ses pensées, à y disposer les pierres des vertus fondées dans le sang du Christ et qu’il a trouvées dans la traversée du Pont qui est le Christ crucifié, mon Fils unique. Je t’ai dit, s’il t’en souvient, que sur le Pont, qui est la doctrine de ma Vérité, étaient ces pierres fondées dans la vertu de son sang, parce que les vertus ne vous donnent la vie, que par l’efficace de son sang.