Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/328

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de courir en arrière à la recherche de son plaisir.

Bien plutôt doit-elle s’abaisser, s’estimer indigne de la paix et du repos de l’esprit. C’est à cette fin que je me retire d’elle. Je désire l’amener à s’humilier et à reconnaître ma charité envers elle, dans cette bonne volonté que je lui conserve au milieu des tentations. Je ne veux pas qu’elle se contente du lait de la douceur dont j’asperge son visage : il faut qu’elle s’attache au sein de ma Vérité, et qu’elle en tire la chair en même temps que le lait. Elle y trouvera le lait de ma charité, mais par la chair du Christ crucifié, par sa doctrine dont je vous ai fait un pont par lequel l’on peut arriver jusqu’à moi.

Voilà donc pourquoi je me retire de mes serviteurs. S’ils se gouvernent d’après les règles de la prudence, s’ils ne sont pas assez ignorants pour ne désirer que le lait, je reviens à eux avec plus de douceur, avec plus de lumière, avec une charité plus ardente. Mais, s’ils n’éprouvent qu’ennuis, tristesse et trouble d’esprit, de ne plus sentir en eux cette douceur spirituelle, ils retirent peu de profit de mon absence et restent dans la tiédeur.